Disposant de cinq structures de formation et de recherche, l’Université de Ségourenferme en son sein, un laboratoire pédagogique de biologie flambant neuf, équipé de matériels de pointe. Dr Boubacar Mariko, enseignant chercheur à la Faculté d’agronomie et de médecine animale (FAMA)nous reçoit dans ce local aménagé qui constitue un écosystème d’expérimentation et d’apprentissage collaboratif d’une extrême importance, où, sont effectués différents types d’analyses sanguines, biochimiques, le test des excréments des pintadeaux, etc. Ici, enseignants et étudiants allient la théorie et la pratique, à travers des travaux pratiques sur la biologie, la santé animale et l’agronomie, à chaque fois qu’il y a nécessité.
Selon Dr Mariko, la recherche sur les animaux à l’Université de Ségou a débuté avec les pintadeaux, étant donné que l’élevage de cette espèce occupe une grande place au Mali, surtout en milieu rural. « Un obstacle majeur dans l’exercice de cette activité, a-t-il révélé, concerne la mortalité des pintadeaux ». « Régulièrement, les producteurs sollicitent les chercheurs pour trouver une solution à ce problème. C’est pour cela que nous nous sommes intéressés à ce problème afin d’y remédier », a affirmé Dr Mariko.
Après avoir minutieusement mené une enquête, le constat est que beaucoup de producteurs utilisaient déjà des solutions. Parmi celles-ci, deux ont été testées afin de vérifier leur pertinence. «On a constaté que certaines de ces solutions étaient inefficaces. Dans la zone périurbaine de Ségou, bon nombre de paysans pensent que le fonio lutte contre la mortalité des pintadeaux », a dit le chercheur. « Au terme de ces expérimentations, on a opté pour le mil et le caïlcédrat. Chacun des ingrédients a un effet bénéfique sur les pintadeaux. En assemblant les deux, l’effet est plus que bénéfique dans la mesure où ces plantes permettent d’améliorer la croissance des pintadeaux, mais aussi de prévenir certaines maladies», a indiqué Dr Boubacar Mariko.
Le développement de la culture entrepreneuriale est un autre objectif de l’Université de Ségou qui en a fait le fer de lance de ses actions. Jeunes et débordants d’énergie, Mohamed Kéita, gérant de la société Kéita technologies, est sortant de la filière Génie informatique de l’Institut universitaire de formation professionnelle (IUFP) et Aminata Tounkara, de la FAMA, Les deux ont décidé de créer leurs propres entreprises,après des années d’études.
Aujourd’hui, les deux anciens étudiants de l’Université de Ségou se disent fiers des connaissances acquises qui ont permis à chacun d’entre eux d’être autonome, responsable et performant pour garantir leur employabilité.
Le désir ardent de Mohamed Kéitapour la création de son propre entreprise, remonte à un voyage qu’il a effectué à Koutiala, en 2016. Sélectionné par une entreprise pour faire une formation en maintenance informatique, lors des cours, les apprenants étaient très enthousiastes et curieux d’apprendre de nouvelles connaissances avec le jeune formateur.
Ayant su que bon nombre de jeunes ne disposaient pas de connaissances dans ce domaine, il décida de créer son entreprise afin de partager ses connaissances. Selon le jeune Kéita, le contenu des programmes et la formation sur la création de logiciels, la maintenance des ordinateurs à l’Université de Ségou est à la hauteur de ses attentes.
Créée le 8 février 2018, Keita technologies dispose d’une large gamme de clientèle, un local et des matériels nécessaires pour l’apprentissage. En outre, la société se porte à merveille, selon son fondateur. L’idée d’entreprendre n’a pas été un chemin pavé de roses. Le cœur vaillant, notre entrepreneur décide de s’installer à son propre compte. Il se dit ravi d’avoir trouvé sa mission qui est de démystifier l’informatique pour la rendre plus accessible et utile à tous.
A la jeunesse, il dit qu’il faut oser. «L’entrepreneuriat, c’est la meilleure chose à faire», a-t-il souenu. Officiellement, son entreprise emploie trois personnes. Son souci est de voir des jeunes plus à l’aise dans la manipulation de l’outil informatique. Le jeune patron de l’entreprise Kéita Technologies se félicite d’avoir bénéficié di savoir de ses enseignants et de l’apprentissage de qualité qu’il a reçu au sein de l’Université de Ségou. Cette année, 450 personnes ont été formées par la société. Il s’agit de lycéens et d’étudiants provenant de plusieurs universités.
A en croire Aminata Tounkara, les cours sur la gestion d’entreprise et l’élaboration de plans d’affaires attrayants lui ont permis de lancer facilement son entreprise. A la fin de sa Licence, en 2015, elle et plusieurs de ses amies ont eu l’idée de créer l’Association des femmes de la première promotion de la FAMA. C’est à travers cette organisation, qu’elle a entamé ses activités entrepreneuriales.
Chacune des membres de l’association avait un projet. Le choix d’Aminata Tounkara, a été de faire l’embouche bovine. Aujourd’hui, la sortante de l’Université de Ségou est fière. «Cette activité m’apporte beaucoup», nous a-t-elle confié. En plus de disposer d’un restaurant, d’une ferme, elle a pu créer plusieurs emplois. «J’ai cinq employés permanents», a souligné Mlle Tounkara, qui a ajouté qu’elle parvient facilement à subvenir à ses besoins et ceux de sa famille. Ambitieuse, elle entend créer des boucheries et restaurants dans la Région de Ségou, en vue de maximiser ses bénéfices et répondre aux besoins de la clientèle. Notre interlocutrice a, à son actif, deux étables d’élevage. L’une de 500 sujets et l’autre de 400 dans la Commune rurale de Pélengana.
Malgré lesrésultats engrangées par sa structure, le recteur Souleymane Kouyaté a affirmé que l’Université de Ségou ambitionne d’être un établissement de référence avec des étudiants bien formés capables de créer des Petites et moyennes entreprises (PME) et des Petites et moyennes industries(PMI). « Le défi à relever, a-t-il poursuivi, demeure la formation et la qualité des ressources humaines ».
Les technologies de l’information et de la communication (TIC)occupent une place prépondérante dans le monde actuel. Raison pour laquelle, l’Université de Ségou a une filière licence en génie informatique. Elle envisage de mettre en place un Master.
Comment l’Université allie la théorie à la pratique ? Souleymane Kouyaté a souligné que la compétence se détermine à travers trois entités dont le savoir, le savoir-faire et le savoir être. « Une personne, disposant de ses éléments, peut servir dignement le pays dans les meilleures conditions », a-t-il expliqué, ajoutant que des possibilités sont explorées pour offrir aux étudiants des formations pratiques de qualité au niveau d’une ferme agropastorale et de recherche.
Il a, aussi, annoncé la construction de trois laboratoires de recherche performants avec, comme toile de fond, l’ambition d’offrir à ses étudiants un cadre attrayant d’apprentissage.
MS/MD
(AMAP)