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Un pot-de-vin contre des soins, un fléau quotidien en Côte d’Ivoire

En Côte d’Ivoire, le gouvernement poursuit sa campagne anti-corruption dans la fonction publique. Après les forces de l’ordre, le ministère en charge de la lutte contre la corruption s’attaque aux personnels de santé corrompus. Pendant plusieurs semaines, ses agents se sont infiltrés dans une quinzaine d’hôpitaux et d’établissements de santé d’Abidjan pour prendre sur le vif les mauvaises pratiques. Ils ont ainsi pu constater ce que les Ivoiriens vivent au quotidien : le paiements d’actes supposés gratuits, les trafics en tout genre et les abus de confiance de médecins indélicats.

Au CHU de Treichville, des agents de santé vendent à des familles désespérées des poches de sang entre 50 et 70 000 francs, dix fois le prix officiel ; le médecin d’un centre de santé public de Yopougon envoie ses patients vers sa clinique privée situées à côté et où les examens sont plus chers ; un ambulancier chargé de convoyer une femme sur le point d’accoucher vers un hôpital public du Plateau qui l’emmène dans une clinique privée ou elle devra s’acquitter de 140 000 francs pour son accouchement. Ces pratiques extrêmement fréquentes sont désormais traquées, affirme le ministre de la Bonne gouvernance, Epiphane Zoro Ballo :

« Facturation de soins réputés gratuits dans les établissements publics sanitaires, détournements des patients vers des cliniques privées, trafic de poches de sang, conflits d’intérêts, abus de fonction… L’ensemble de ces dossiers, avec tous les détails, ont été transmis au ministre de la Santé afin que des mesures vigoureuses soient prises. »

Ces dysfonctionnements très courants entravent la politique d’un gouvernement qui promet la gratuité des soins grâce à la couverture maladie universelle. Une CMU qui n’emporte par l’adhésion des populations qui ne voient pas toujours l’intérêt de payer pour une couverture santé qui n’empêche donc finalement pas, dans la pratique, de payer aussi parfois des soins à des personnels corrompus.

« Ce qui vient d’être fait nous donne donc les moyens d’agir, pour que progressivement le mauvais grain soit extirpé des rangs du système de santé de notre pays afin que notre système de santé, dont les populations attendent beaucoup, puissent jouer son rôle. Cette situation ne restera pas impunie », a déclaré Pierre Dimba, ministre de la Santé.

Dans l’immédiat, le gouvernement envisage des sanctions administratives et peut-être à terme des plaintes devant la justice. Sans le dire, il mise d’abord sur l’effet d’annonce et la peur du gendarme pour faire diminuer ce genre de pratiques.

Source: RFI

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