REPORTAGE – Le centre a ouvert ses portes il y a un mois, à l’initiative de Médecins sans frontières. Une première en France. Si les jeunes y sont nombreux, les procédures d’admissions ne sont pas simples.
Il est 10h à Pantin. Les jeunes arrivent petit à petit dans cet ancien laboratoire transformé en centre pour mineurs non accompagnés, conduits par des responsables d’associations partenaires de Médecins sans frontières. Un mois après avoir ouvert ses portes, ce centre accueille des adolescents – jusqu’à présent exclusivement des garçons – chaque jour entre 9h et 17h.
C’est la première structure de ce type en France. Elle s’adresse à une population qui se dit mineur et qui concerne tous ceux qui ne sont dans aucun dispositif de droit commun. En l’occurrence, il s’agit de mineurs en transit, qui ont été déboutés à la reconnaissance de la minorité, qui sont primo-arrivants, ou qui n’ont pas encore eu accès à l’évaluation de leur minorité.
Dans les couloirs, des sons de musiques urbaines résonnent. Au rez-de-chaussée dans une première salle d’activité, les adolescents, qui viennent pour la plupart d’Afrique de l’Ouest, jouent au baby-foot, apprennent le français ou se réchauffent autour d’un café. «C’est le meilleur moment de la journée» raconte Abdoulaye, Malien de 16 ans. C’est la deuxième fois qu’il se rend dans ce centre pour mineurs non accompagnés. «Je suis en France depuis un mois, mais il n’y a qu’ici que je trouve du temps pour me reposer et qu’on s’occupe de mes problèmes», poursuit-il. «C’est bien d’avoir un endroit où on te donne à manger gratuitement», répond à son tour Gassimou, lui aussi originaire du Mali.
Au premier étage se trouve une salle de repos. Les jeunes qui s’y installent se consacrent à l’apprentissage de la langue. «Je préfère être au calme pour travailler mon français», raconte Mustapha, jeune Guinéen de 15 ans. «J’ai envie d’aller à l’école, j’ai même hâte de m’y rendre», explique-t-il.
S’il trouve du réconfort dans ce centre, le jeune mineur rencontre cependant certains problèmes lorsqu’il s’agit de trouver un endroit où dormir, après avoir quitté les lieux. «Je n’ai jamais de domicile fixe. Parfois on me trouve un hôtel, parfois je dors dans des squats ou dans des gares. Quand j’ai un rendez-vous au centre, je ne sais jamais où je terminerai ma journée. Cela peut être à l’hôtel comme dans la rue», conclut Mustapha.
Une admission pas si aisée
Laureen Cissé, responsable de la structure, regrette de ne pas pouvoir donner un hébergement à ces jeunes. Elle explique que MSF permet à certains de ne pas être en errance de jour et qu’elle savait qu’il serait très difficile de les voir partir après 17h, «notamment en hiver». Les jeunes qui sont admis dans la structure ont différents rendez-vous avec les pôles juridiques, sociaux et médicaux. Mais pour être admis, les mineurs, repérés par les associations lors des maraudes, répondent à une série de questions dès leur arrivée.
Les responsables du centre définissent ensuite s’ils répondent aux critères d’admission. «Nous leur demandons leur âge, ainsi que leur nationalité», explique la responsable. «Nous regardons aussi s’ils ont déjà eu recours à l’aide sociale à l’enfance, car nous ne pouvons pas prendre un jeune qui est déjà pris en charge», poursuit-elle.
74 dossiers ouverts
«Les premiers rendez-vous ont lieu obligatoirement avec l’assistante sociale et l’infirmière, pour faire un bilan de leur état de santé», raconte Laureen Cissé. «Ils peuvent ensuite avoir accès au pôle juridique, dans le cas où ils auraient besoin de faire une saisie auprès du juge, après avoir été écartés du dispositif d’évaluation des mineurs par exemple», affirme la responsable du centre. Autrement dit qu’on ne considère finalement pas comme des mineurs, ce qui les privent de facto d’une certaine assistance. Les adolescents attendent donc aussi bien une aide sociale que juridique pour prouver leur minorité.
Après avoir fixé ces rendez-vous, les jeunes peuvent intégrer le centre. En tout, 74 dossiers ont été ouverts au mois de décembre, sur les 130 mineurs non accompagnés qui se sont présentés. Mais la plupart du temps,ils ne reviennent pas, notamment parce que les demandes d’admissions sont nombreuses et que le centre repose principalement sur les aides que les différents pôles peuvent apporter aux mineurs. La responsable explique qu’après avoir lancé le recours auprès du juge, la structure ne peut plus grand-chose pour eux. «Lorsqu’il sera passé par les différents pôles, cela ne dépendra plus que du juge. Nous, on aura fait notre travail, et on continue à suivre le mineur pour avoir des nouvelles de sa requête qui peut aller de 1 à 14 mois».
Source: lefigaro