La stature et le charisme de Pape Diouf avaient conquis Marseille et séduit l’ensemble du football français qui, de Didier Deschamps aux clubs de Ligue 1, s’est joint mercredi aux supporters phocéens pour rendre hommage à l’ancien président de l’OM, décédé mardi du coronavirus à Dakar (Sénégal).
« Sa disparition subite et brutale m’attriste profondément », a écrit l’actuel sélectionneur des Bleus, que Diouf avait fait venir en 2009 sur le banc de l’OM. Marseille, emmené par « DD » avait ramené le titre de champion de France l’année suivante. « Pape forçait le respect de l’ensemble du football français », ajoute Deschamps, disant avoir « pu mesurer sa popularité, immense, auprès des Marseillais à la hauteur de son amour pour cette ville et ce club. »
Tous les clubs professionnels se sont associés un à un à l’hommage. Christophe Galtier, ancien joueur de Marseille et actuel entraîneur de Lille, s’est remémoré un « homme bienveillant », à plusieurs facettes : « du journaliste à la plume magnifique, de l’agent qui n’avait qu’une parole au grand président olympien ».
« Un humaniste » adoré à MarseillePersonnage central dans sa ville, Pape Diouf a même été candidat d’un collectif citoyen aux élections municipales de 2014 à Marseille, récoltant 5,63 % des voix au premier tour. Le maire actuel, Jean-Claude Gaudin, a regretté dans un communiqué « la disparition d’un amoureux de sa ville et passionné de football », qui « laisse un grand vide dans le cœur des Marseillais ».
Pour preuve, les messages des supporteurs de l’OM ont déferlé sur les réseaux. « C’est une énorme douleur pour nous, réagit Rachid Zeroual, le leader des South Winners. Il était un grand homme, un humaniste, qui connaissait le foot français et le foot à Marseille, il était proche de ses supporteurs. »
Les hommages sont aussi venus d’Afrique, jusqu’au président du Sénégal Macky Sall, le pays d’où était parti Diouf à 18 ans pour conquérir Marseille.
Aux marges du monde du foot aussi on salue « la disparition d’un grand serviteur », a écrit Me Serge Pautot, qui fut son avocat historique. Il met en lumière une autre facette du seul président noir d’un grand club de foot : sa lutte contre le racisme. « Ensemble pendant une vingtaine années (1985-2005), lui comme agent et moi avocat, nous avons lutté contre les discriminations, en particulier celles subies par les Africains » dans le football.
« Pape, Hidalgo, nous avons aussi connu des décès proches de nous, on sait que cette histoire n’est pas finie », conclut Rachid Zeroual, évoquant la pandémie. « Le premier match va être triste quand on va reprendre le championnat. Il va falloir rendre hommage à tous ces personnages qui ont fait le ballon à Marseille ».
Source: lanouvellerepublique