Depuis l’effondrement de l’immeuble de trois niveaux (rez-de-chaussée plus deux étages) entraînant la mort de 15 personnes au quartier Banconi en Commune I, les interrogations fusent de partout sur les causes de ce drame. Près d’une semaine après le terrible accident, les enquêtes se poursuivent, mais les témoignages recueillis sur les lieux du désastre font froid au dos : du fer 6 au lieu de 12, aucune autorisation des services techniques en matière de construction, une partie du rez-de-chaussée en banco et le reste de la construction en ciment…
Je n’ai jamais vu de mon existence un immeuble construit de la sorte : le rez-de-chaussée en banco et les étages en ciment. Comment voulez-vous que cette construction ne s’effondre pas”. Ces propos ont été prononcés mardi soir par le commandant Abdramane Bagayoko, chef de la division des Opérations de secours d’assistance à la Direction générale Protection civile, au cours d’une intervention à la Radio Sewa. Il était au micro de l’animateur Ibrahim Diaw.
En effet, l’effondrement du bâtiment R+2 le dimanche dernier aux environs de 5 h du matin, qui a fait 15 morts et de nombreux blessés selon un communiqué du Ministère de la Sécurité et de la Protection civile du Mali, a suscité de nombreux questionnements sur les causes du drame. Aussi au cours de cette émission, le commandant Bagayoko a salué tout le soutien de sa hiérarchie à commencer par le directeur général, le colonel-major Seydou Doumbia, et le Ministre de la Sécurité et de la protection civile, le général de division Salif Traoré, les populations du Banconi et des particuliers qui leur ont apporté assistance durant toute l’opération.
L’autre cause de ce drame, le gouverneur du district de Bamako l’impute à la malfaçon. “Sans être spécialiste, c’est de la malfaçon. C’est la conception même du bâtiment qui est en cause donc il n’y a pas eu d’élément étranger qui a occasionné la chute de l’édifice. En plus, le promoteur n’avait aucune autorisation des services de construction ou de la mairie”, a précisé le gouverneur du district de Bamako.
Un élu local de Banconi enfoncera le clou. Selon lui, ce n’est pas seulement le bâtiment effondré qui n’a pas l’autorisation de construire, mais toutes les maisons de Banconi. Cela s’explique, a-t-il ajouté, par le fait que le plan de lotissement de Banconi, qui est aujourd’hui l’un des quartiers les plus populaires du district de Bamako, n’est pas encore approuvé par les services de l’Urbanisme. Or, a-t-il poursuivi, on ne peut pas donner d’autorisation sans l’approbation de ce plan. D’après une autre source, cela fait environ près de 20 ans que le quartier en question a été loti.
Cependant, si de nombreuses vies ont été sauvées, c’est surtout grâce à la réactivité et la bravoure des agents de la Protection civile, aidés par quelques volontaires qui, grâce à l’aide d’engins lourds, ont pu extirper beaucoup de personnes prises au piège sous les décombres.
Du fer 6 au lieu de 12
Un volontaire de l’équipe de secours n’a pas caché son étonnement face à ce qu’il a vu dans les décombres : “Venez pour constater de visu, le propriétaire a construit avec du fer 6 ce bâtiment ou on devrait mettre du fer 12. Je pense que ce sont des choses inacceptables si on tient à la vie de l’être humain”, nous a confié le volontaire qui a voulu garder l’anonymat. En clair, toutes les accusations, avant même la fin de l’enquête, convergent vers les manières peu orthodoxes de la construction du bâtiment et du propriétaire, un homme de 76 ans qui serait même le maître maçon principal du chantier.
“C’est un vieux qui a la tête dure, il n’écoute personne. Sinon, son non-respect des règles de construction est connu de tous ses voisins qui voulaient même le lyncher après le drame”, nous a confié un jeune homme qui habite non loin du bâtiment effondré. Le promoteur, le Vieux de 76 ans, a été interpellé au niveau du 6e arrondissement.
Protection civile : De nouveaux matériels mais pas suffisants
Lors de l’opération sauvetage des occupants de l’immeuble effondré à Banconi, le directeur général de la Protection civile, le colonel-major Seydou Doumbia, et celui de la police, l’Inspecteur général Moussa Ag Infahi, ont passé le plus clair de leur temps auprès de leurs éléments.
Si beaucoup de nos concitoyens sont unanimes que des efforts ont été faits dans l’équipement de nos Forces armées et de sécurité, tout n’est pas encore rose. Et pour cause, le drame de Banconi a prouvé au grand jour que la protection civile a toujours besoin d’engins lourds adaptés à certaines situations de catastrophe pour la simple raison que la grue neuve apportée par la Protection civile, le week-end dernier, a montré ses limites. Ce qui a irrité les populations qui voulaient écarter les agents de la Protection civile.
Cependant, quelques minutes plus tard, de nouvelles grues encore plus performantes, appartenant à des particuliers, ont été déployées pour accélérer les recherches. Ce n’est pas tout. En plein intervention, les portes d’une ambulance de la Protection civile ont été bloquées pendant plusieurs minutes, le chauffeur et les curieux se sont regroupés autour du véhicule en question.
Il faut rappeler que plusieurs ministres comme celui la Sécurité et de la Protection civile, le général de division Salif Traoré, ses collègues de la Solidarité et de la Lutte contre la pauvreté, Hamadou Konaté, et de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Boubacar Alpha Bah, ont fait des visites sur les lieux.
Kassoum THERA
Source: Aujourdhui-mali