Le chef du groupe jihadiste Ansar Dine, Iyad Ag Ghaly, a dénoncé l’accord de paix au Mali signé en mai-juin et appelé à poursuivre la lutte contre la France, dans un enregistrement sonore authentifié lundi et obtenu par l’AFP.
Dans cet enregistrement réalisé avant les attentats de vendredi à Paris, rendu public en octobre, selon plusieurs sources sécuritaires régionales, il approuve l’attentat de janvier contre la rédaction de Charlie Hebdo pour avoir caricaturé le prophète, estimant que ce journal « n’a eu que ce qu’il méritait ».
« Nous authentifions la cassette. C’est bien Iyad Ag Ghaly qui parle. Comme vous le voyez, dans le document, on ne voit pas son visage, mais c’est bien sa voix », a déclaré à l’AFP une source de sécurité malienne.
Iyad Ag Ghaly, ancien chef de rébellions touareg passé à l’islamisme et allié d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), fustige les groupes rebelles du nord du pays qui ont signé en juin un accord de paix négocié à Alger avec le camp gouvernemental, les traitant de « laïcs ».
Dans cet enregistrement d’une vingtaine de minutes, le chef d’Ansar Dine les accuse d’avoir bradé le sang et la terre « en signant l’accord d’Alger qui pue l’impiété et la trahison ».
Il s’en démarque en appelant au jihad, s’adressant plus particulièrement aux jeunes. « C’est votre jour, le Croisé a dépassé toutes les bornes », les harangue-t-il, insistant notamment sur les caricatures du prophète.
« Répondez à cette offense par vos ceintures d’explosifs, vos charges télécommandées et vos engins piégés », les exhorte-t-il, dans une adresse qui semble destinée à susciter des attaques sur le sol malien.
Iyad Ag Ghaly salue également « les moujahidine retranchés à Sikasso (sud) au Macina, à Sévaré (centre) et à Tombouctou et Kidal (nord) », où opèrent des groupes jihadistes alliés à Ansar Dine.
Longtemps concentrées dans le nord du Mali, les attaques jihadistes se sont étendues depuis le début de l’année vers le centre, puis à partir de juin au sud du pays aux frontières avec la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, dont Aqmi et Ansar Dine, après la déroute de l’armée face à la rébellion à dominante touareg, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée.
Ces groupes jihadistes ont été dispersés et en grande partie chassés de cette région à la suite du lancement en janvier 2013, à l’initiative de la France, d’une intervention militaire internationale qui se poursuit actuellement.
Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères.