Le 10 janvier, lors d’un sommet extraordinaire convoqué à Accra [Ghana], les pays membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest [Cédéao] ont décidé de sanctionner le Mali pour la décision de son gouvernement de transition de ne pas organiser d’élections en février prochain, contrairement aux engagements qu’il avait précédemment pris.
Ainsi, les membres de la Cédéao ont décidé, entre autres, de fermer leurs frontières terrestres et aériennes avec le Mali. En retour, le gouvernement de transition malien a pris une mesure similaire à l’égard de ses voisins. Cela étant, les mouvements de la force française Barkhane ne sont pas concernés par une telle restriction… En théorie, du moins.
En effet, dans une note diffusée le 11 janvier, le représentant de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar [ASECNA] auprès du Mali a accusé un avion militaire français – en l’occurrence l’A400M immatriculé F-RBAN – d’avoir fait un aller-retour entre Abidjan et Gao alors que l’espace aérien malien était fermé.
Dans ce document adressé au directeur général de l’Agence nationale de l’Aviation civile malienne, le réprésentant de l’ASECNA avance que l’A400M « Atlas » de l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] n’a pas respecté les « dispositions de NOTAM de suspension de vols entre les États membres de la Cédéao et le Mali ».
En outre, à la rubrique « faits et circonstances de l’évènement », le « contrôleur de service » explique qu’un « avion français inconnu a été aperçu sur le radar, sur l’axe Abidjan-Gao ». Sur ce point il n’était pas si « inconnu » que ça puisque le document mentionne son type, le numéro de son vol [COTAM 2010] et son immatriculation… Bref. Le contrôleur poursuit : « Nous n’avons jamais été averti de son existence. Il est rentré en contact avec les centres de Ouaga [Ouagadougou, ndlr] et Niamey, qui lui ont rappelé le NOTAM interdisant le survol de l’espace aérien malien [sic]. Il coupa le contact avec ces centres et poursuivit son vol ».
Pour le moment, le ministère des Armées n’a pas encore fait de commentaire sur cette histoire. Cependant, une source militaire française sollicitée par l’agence Reuters a confirmé que les sanctions prises par la Cédéao contre le Mali « ne concernent pas les opérations militaires », comme cela a été convenu avec le Niger en particulier et tous les membres de la Cédéao en général.
Sans doute faut-il y voir une réponse à la position française au sujet de ces sanctions… Le même jour, le président Macron les a soutenues… Et même annoncé que l’Union européenne était en train de préparer des mesures contre les autorités maliennes de transition.
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