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UN AN APRES L’ACCORD POUR LA PAIX : Doute, balbutiement et tâtonnement

Il y a un an, le 20 juin 2015, l’accord pour la paix et la réconciliation issu du Processus d’Alger était paraphé par le gouvernement malien et des groupes armés. Il offre des perspectives sérieuses de sécurité, de paix, de justice, de réconciliation, de développement et de prospérité partagées si les Maliens dans leur diversité s’engagent à le mettre en œuvre. Or, depuis une année, force est de constater des difficultés dans la mise en œuvre de ce document, les parties se trouvant entre doute, tâtonnement et balbutiement.

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 Depuis début juin, il a été constaté que les groupes armés signataires avec le gouvernement le 20 juin 2015 de l’accord pour la paix et la réconciliation avaient suspendu leur participation au Comité de suivi de l’accord (CSA). Si la 8e réunion du CSA s’est achevée le 26 avril en queue de poisson, en ce qui concerne la mise en place des autorités transitoires, les mêmes groupes se sont plaints de la mauvaise foi du gouvernement le 20 mai 2016 dans sa volte-face consistant à retirer du processus le document subsidiaire fixant les modalités d’installation des autorités transitoires.

Le gouvernement est aussi accusé d’avoir pris un décret et élaboré un protocole d’entente sans associer les deux autres parties, tout en ignorant selon les mouvements armés les dispositions essentielles de l’accord.

Ce qu’il faut retenir c’est que malgré l’évolution du contexte et en dépit de l’accord pour la paix qui rejette toute idée de partition du pays, la tradition fut respectée par la CMA et ses acolytes avec l’instrumentalisation des enfants, des parades militaires et montées de drapeau de l’Etat fantomatique de « l’Azawad » à Kidal.

La CMA, comme il fallait s’y attendre, a renoué avec son double langage à une période délicate pour l’avenir de l’accord pour la paix dont la mise en œuvre traîne. Un retard notable surtout sur les points que devraient honorer les groupes armés. Contrairement au gouvernement qui a initié des réformes importantes dans le cadre de ses engagements, les mouvements armés rechignent toujours à honorer les leurs.

En réalité, l’on savait que la CMA n’allait jamais tenir parole après qu’elle a signé l’accord pour la paix et la réconciliation, issu du Processus d’Alger. C’est après de nombreux mois de manœuvres dilatoires, de malices, de propagandes, de tentatives de sabotage du processus politique, d’attaques meurtrières contre l’armée malienne, de pillages et d’attentats contre les populations civiles, qu’elle a été contrainte à signer cet accord le 20 juin 2015. Mais tout esprit averti savait qu’elle ne l’avait fait que par pure formalité.

Autres entraves à la mise en œuvre de l’accord et qui ont surpris plus d’un observateur c’est le retournement spectaculaire de veste de Me Harouna Toureh, porte-parole de la Plateforme. Lui qui clamait haut et fort sur tous les toits et à qui veut l’entendre que son mouvement armé n’est que pour la paix, rien que pour la paix, à travers la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation, issu du processus d’Alger. Il a pactisé avec la CMA pour faire capoter ce processus de paix.

Un an après sa signature, l’accord amorce une autre étape, celle de la mise en place des autorités intérimaires. Les parties signataires de l’accord viennent de signer un document intitulé « Entente ». Il porte sur les conditions de mise en place des autorités intérimaires. Ce document n’est pas un nouvel accord, mais il fixe les modalités de mise en place des autorités intérimaires. La partie gouvernementale a exhorté les mouvements à respecter leurs engagements consignés dans ce document.

Selon Hamadoun Konaté, ministre de la Solidarité, de l’Action humanitaire et de la Reconstruction du Nord, il est conforme au dispositif législatif et réglementaire. « C’est un élément qui va être accélérateur de la mise en œuvre des accords. C’est un document qui va nous permettre de garantir l’existence effective des dividendes de la paix au niveau de nos populations et au niveau de nos communautés. Il va enfin et cela est le plus important, déterminer le démarrage du processus de préparation pour un retour à la normale dans toutes nos collectivités. Parce qu’il doit s’achever par l’organisation des élections générales dans notre pays. Le plus important commence maintenant et le plus important, c’est le respect des engagements consignés dans ce document, notamment en ce qui concerne le retour de l’administration et le démarrage du Moc« .

Pour les leaders de la Plateforme, le document signé n’est pas un nouvel accord, mais un document d’entente entre les parties sur la mise en place des autorités intérimaires. De son côté, la CMA se dit fière d’avoir pu signer ce document d’entente qui est le fruit d’un travail de huit mois. Ils précisent que la société civile sera représentée au sein des autorités intérimaires.

Selon Me Abdouramane Touré, avocat au barreau, ce document va apporter deux choses. La première, c’est une illusion d’accalmie, une illusion d’avancement en ce qui concerne les partenaires. « Et aussi, ça va permettre au gouvernement malien de souffler, parce qu’il est pressé de tous les côtés« . Et d’ajouter qu’il va apporter une avancée pour les groupes armés dans leur logique de partage de ce pays.

« Donc, on va fragmenter encore ce fragile Etat, tout en ayant l’impression que nous sommes en train d’aller vers la mise en œuvre d’un accord qui consacre l’unité de ce pays« . Comme on le voit, cet accord qui, selon nombre d’observateurs, devrait offrir des perspectives sérieuses de sécurité, de paix, de justice, de réconciliation, de développement et de prospérité partagées peine à décoller par la faute des groupes armés qui ne jouent pas le jeu. Depuis un an, la mise en œuvre de ce document évolue en dent de scie. Les parties se trouvant entre doute, tâtonnement et balbutiement.

Le recul observé en termes de respect des droits humains, la déstructuration sociale opérée dans notre pays, les déplacements sans précédent de populations, les destructions de biens et les pertes en vies humaines ont été tellement significatives que le Mali doit engager un vrai processus de réconciliation nationale dans le cadre du droit à la justice et à la réparation des victimes mais aussi en agissant dans le cadre du droit humanitaire pour que les plus faibles d’entre nous bénéficient de toute l’assistance nécessaire à un nouveau départ.

Idrissa Sako

 

Source: lesechos

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