Des Maliens se sont réunis au Palais de la culture Amadou Hampaté Ba le samedi 26 janvier 2019 pour protester contre les attaques et les tueries à travers une journée dite de la colère. Ont pris part à cette grande mobilisation toutes les associations de la communauté peule représentées à Bamako et ses environs mais aussi par tous les Maliens touchés par les atrocités au centre. Atrocités qui ciblent uniquement les communautés peules à en croire les représentants des associations très remontés contre l’immobilisme des autorités.
Le meeting de la colère initiée par Tabital Pulaaku a rassemblé plusieurs milliers de personnes tous de rouge vêtus manière de montrer leur colère et toute leur colère. La salle Bazoumana Sissoko du palais de la culture parsemé de rouge avait refusé du monde ce samedi.
Dans la salle, il y a avait des banderoles sur lesquelles on pouvait lire : “Arrêtez les massacres”, “Trop c’est trop”, “Non, à l’amalgame”, “Arrêtez le génocide”. Deux vidéos montrant les horreurs dont sont victimes les Peuls au centre du Mali ont été diffusées. Au pupitre les témoignages se sont enchaînés. “Ils sont venus armés et savaient tout du village, ils ont tué, pillé, brûlé. Ils sont du village voisin, raconte un homme en sanglot. Sur place ils ont tué 17 personnes. Ils ont tué tous les Hommes qui étaient présents dans le village au moment des faits”. Et à un autre d’ajouter : “Ils ont tué mon père, mes deux frères et quatre de mes cousins et d’autres villageois encore et les ont mis dans une même fosse”.
“Ceux qui ont pu se sauver ont fui et il n’existe plus de village aujourd’hui”. Et d’ajouter : “Nous avons été abandonnés par les autorités qui nous ont laissés dans les mains des dozos tueurs soutenus par des militaires”.
Dans son adresse à la salle pleine à craquer, le président de Tabital Pulaaku Abdoul Aziz Diallo a accablé les chasseurs dozos, acteurs des massacres dans plusieurs localités du Centre du Mali. “Tous les Peuls sont considérés comme des terroristes. Un amalgame qui arrange certaines communautés”, a dit le président de la mère des associations peules du Mali. Le président n’a pas manqué de faire une dénonciation farouche des atrocités dans plusieurs localités. Il a dépeint la situation avec des chiffres et des noms de nombreuses victimes.
Le représentant de Tabital Pulaaku Mauritanie et vice-président de TPI, Diallo Daouda Samba, a dans un long réquisitoire démontré que tous les Peuls du monde entier sont touchés par les tueries de leurs frères du Mali. Et c’est pourquoi il a tenu à être présent aux côtés d’une Malienne en colère. Il n’a pas manqué d’interpeller la communauté internationale et aussi l’Union africaine et toutes les organisations des droits de l’Homme.
L’imam Mahmoud Dicko, le président du Haut conseil islamique du Mali, l’inaction de l’Etat face aux drames du Centre. “Il y a une question de non-gouvernance du pays où les gens sont livrés à eux-mêmes, ils font ceux qu’ils veulent, où le gouvernement dit haut et fort qu’ils ne sont pas responsables, que faut-il alors faire ?” L’imam dit avoir les mots justes pour le dire mais il n’est pas venu pour faire un meeting mais pour faire des bénédictions pour le Mali. Il a joint le geste à la parole et a prié pour que le pays retrouve sa quiétude d’antan.
A en croire les organisateurs du meeting et responsables de la communauté peule, chaque fois que des informations nous parviennent, nous les remontons à qui de droit mais jamais de réactions et d’actions pour satisfaire les communautés en proie à des violences. Si elles arrivent, elles arrivent après le fait accompli.
Ibrahima A. Tiocary Fulany
Source: Notre Printemps