Après les critiques à son encontre, le président américain a martelé que sa rencontre historique avec le dirigeant du régime reclus et leur «bonne relation» avait permis de mettre en place un «processus très fort de vérification» du démantèlement de l’arsenal nord-coréen.
«Je lui ai donné un numéro direct où il peut m’appeler s’il a une quelconque difficulté, je peux l’appeler, nous sommes en communication. C’est une bonne chose», a révélé Donald Trump dans les jardins de la Maison Blanche.
«Nous nous sommes rencontrés, nous avons eu des atomes crochus. Il nous a beaucoup donné», s’est félicité le président américain, lors d’un long entretien improvisé avec la chaîne Fox News, suivi d’une rencontre impromptue avec des journalistes.
Donald Trump a souligné que la menace d’une guerre nucléaire avec Pyongyang avait longtemps été au sommet des préoccupations américaines, y compris lorsqu’il avait rencontré, alors fraîchement élu, son prédécesseur démocrate en novembre 2016.
«Quand je me suis réuni avec Barack Obama […], il m’a dit que le plus gros problème des États-Unis, de loin, le problème le plus dangereux que nous ayons jamais eu à cause du nucléaire, était la Corée du Nord», a-t-il expliqué. «J’ai résolu ce problème, ce problème est largement résolu».
«Lacunes importantes»
Avant le sommet du 12 juin, Washington avait martelé que son objectif inaltérable était la «dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de la Corée du Nord».
Or dans le texte signé mardi à Singapour par les deux dirigeants, l’héritier de la dynastie des Kim ne s’engage qu’à une «dénucléarisation complète de la péninsule coréenne». Une formule vague qui reprend une promesse déjà faite et jamais tenue.
Depuis Séoul, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a réaffirmé jeudi l’objectif américain et insisté que les lourdes sanctions pesant sur Pyongyang seraient maintenues tant que la dénucléarisation complète ne sera pas achevée.
«Nous avons signé un très bon document», a encore assuré Donald Trump vendredi. «Plus important encore que le document, j’ai une bonne relation avec Kim Jong Un».
Mais y compris dans des cercles conservateurs qui ont auparavant défendu la politique étrangère de Donald Trump, de nombreux experts à Washington concordent avec les conclusions d’un rapport du gouvernement israélien voyant des «lacunes importantes» entre les objectifs américains et le langage imprécis du document.
«Malgré les déclarations de Trump sur les changements rapides attendus dans la politique de la Corée du Nord, la voie vers un changement substantiel — si cela doit jamais arriver — est encore longue et lente», souligne le rapport.
«Jeux de guerre»
Lors de ces déclarations fleuves de près d’une heure, l’homme d’affaires a également adressé les nombreuses critiques provoquées aux États-Unis par son annonce surprise de la fin des exercices militaires «provocateurs» menés avec la Corée du Sud, confirmée jeudi.
«Je les ai détestés dès le premier jour où je suis arrivé […] Nous payons des millions et millions de dollars pour les avions et tout ça.» Il a du même coup revendiqué l’emploi des mots «jeux de guerre» — «c’est mon expression» — que certains lui ont reproché car faisant écho à la rhétorique nord-coréenne.
Interrogé par une journaliste sur sa proximité avec Kim Jong Un malgré les atteintes aux droits de l’Homme perpétrées en Corée du Nord, Donald Trump s’est justifié par sa volonté d’éviter la guerre: «je ne veux pas voir une arme nucléaire vous détruire ou détruire votre famille».
«Quand je suis arrivé, les gens pensaient que nous allions probablement partir en guerre contre la Corée du Nord», a-t-il souligné. «C’est en fait le contraire. […] Nous construisons une armée si puissante que personne ne va nous chercher des problèmes, mais vous savez quoi, je veux ne jamais avoir à l’utiliser.»
Donald Trump s’est également réjoui que Pyongyang ait accepté de rapatrier les dépouilles de soldats américains morts pendant la guerre de Corée (1950-53).
À un journaliste qui lui demandait si «nous étions proches de voir Kim Jong Un ici à la Maison-Blanche», Donald Trump a répondu «cela pourrait arriver, oui», avant d’enchaîner sur un ton de semi-plaisanterie: «c’est un dirigeant fort. Ne laissez personne penser autre chose. Il parle et son peuple se met au garde-à-vous. Je veux que mon peuple face la même chose».
Il a plus tard précisé aux journalistes qu’il plaisantait, s’indignant: «Vous ne comprenez pas le sarcasme».