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Trois artistes tunisiens condamnés à la prison pour un joint

Ils ont été condamnés à un an de prison ferme et 1 000 dinars (environ 500 euros) d’amende chacun dans l’indignation générale. Emblématiques de cette nouvelle génération qui a libéré la parole artistique après la révolution de 2011, Fakhri El-Ghezal, Atef Maatallah et Ala Eddine Slim étaient à tort soupçonnés d’activités terroristes. Ils se retrouvent finalement en prison pour consommation de cannabis.

tunisie soldat militaire commando antiterroriste

Le premier est l’un des photographes les plus talentueux de sa génération, dont l’une des séries a été exposée au MuCem de Marseille au printemps. Diplômé des Beaux-Arts, ses œuvres ont été exposées au New Museum à New York, au Beirut Art Center, au Musée de Carthage. Atef Maatallah, lui, a reçu le 2e prix du Salon international du dessin consacré au dessin contemporain, à Paris, cette année, et l’une de ses œuvres a été acquise par le Centre Pompidou. Quant à Ala Eddine Slim, réalisateur, scénariste, monteur et producteur de cinéma, il est gérant de la société Exit Productions, productrice d’une vingtaine de films et de plusieurs cinéastes tunisiens émergents des dix dernières années.

Le scénario qui a mené le trio en prison fait penser à un mauvais film de série B. Jeudi 19 novembre, les trois amis passent la journée chez Ala Eddine Slim, dans la banlieue de Nabeul, au sud-est de Tunis. En milieu d’après-midi, des policiers armés font irruption et les embarquent, ainsi que la femme d’Ala, avec un mandat de perquisition pour soupçons d’activités terroristes. Les seules « preuves » : la barbe d’Atef et un sac « suspect » transporté par Fakhri qui contient… une caméra.

« La descente est effectuée par trois brigades différentes composées d’une quinzaine de policiers armés et protégés par des gilets pare-balles qui, croyant démanteler une dangereuse cellule terroriste, se retrouvent nez à nez avec trois artistes qui boivent des bières et une prof aux beaux-arts enceinte de huit mois », note un de leurs amis.

« L’abus policier dans toute sa splendeur »

Devant ce fiasco, la police oriente alors l’affaire vers la consommation de cannabis. La fameuse loi 52 fait le reste. Promulguée le 18 mai 1992 sous le régime de Ben Ali, celle-ci stipule que« sera puni d’un emprisonnement d’un à cinq ans et d’une amende de 1 000 à 3 000 dinars tout consommateur ou détenteur à usage de consommation personnelle, de plantes ou matières stupéfiantes, hors les cas autorisés par la loi ».

Pour l’ONG Human Rights Watch, « la loi 52 sert d’outil d’incrimination par défaut si on ne trouve rien contre la personne ». Résumé d’un journaliste sur un site tunisien : « Le gouvernement Ben Ali l’utilisait pour briser les dissidents. Aujourd’hui, elle représente l’abus policier dans toute sa splendeur. » En novembre, Adnène Meddeb et Amine Mabrouk, membres du comité des Journées cinématographiques de Carthage, ont eux aussi été condamnés à un an de prison et 1 000 dinars d’amende pour possession d’un paquet de feuilles à rouler.

Ala Eddine Slim, Fakhri El-Ghezal et Atef Maatallah sont de ceux qui n’attendent pas les aides de l’Etat ou des institutions pour organiser des événements de qualité. Ils ont aussi donné un sens politique à la culture. Fakhri El-Ghezal a cofondé en 2012, entre autres avec Atef Maatallah, le collectif d’artistes Politiques à qui l’on doit plusieurs expositions d’art contemporain. Ala Eddine Slim est membre fondateur de l’Association tunisienne d’action pour le cinéma et était, avant son arrestation, en train de finaliser la postproduction de son premier long-métrage de fiction.

Tous trois font aussi partie d’un maillage plus large de jeunes militants qui s’entraident et qui, aujourd’hui, se battent pour les faire libérer avant la fin de leur peine. Une campagne de soutien en vue de la prochaine grâce présidentielle prévue le 14 janvier 2016 a été lancée. « Nous ne nous battons pas seulement pour nos amis mais aussi pour tous les innocents emprisonnés et contre cette loi inique », résume le réalisateur Ismaël Leamsi.

Source: Le Monde Afrique

 

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