Kayes, 8h du matin. Diabou, 14 ans, se rend au travail avec sa calebasse perchée délicatement sur sa tête. Elle passera les 8 heures suivantes accroupie au-dessus de sa calebasse à laver le sable aurifère dans un site d’orpaillage artisanal. Cela fait plus d’un an qu’elle ne touche plus à ses livres scolaires, un an qu’elle est mariée à l’homme auquel ses parents l’ont promise à l’âge de 9 ans. En tant qu’enfant, elle rêvait de devenir médecin. Sa réalité d’aujourd’hui, c’est d’être enfant-épouse, enfant-travailleur.
Le cas de Diabou n’est pas un cas isolé. L’UNICEF estime qu’au Mali, 2 millions d’enfants âgés de 5 à 18 ans ne vont pas à l’école. Parmi eux se trouvent des filles comme Diabou, mariée avant l’âge de 18 ans. C’est une réalité qui frappe presque 50% des filles du Mali.
Parmi eux se trouvent aussi des enfants qui sont dans le travail, souvent informel, souvent dangereux pour leur santé et leur développement. C’est le cas de 42% des enfants de ce pays.
Il y a également les enfants dont l’école est fermée à cause du contexte sécuritaire de leur région. D’autres encore n’ont tout simplement pas d’école de qualité près de chez eux.
L’éducation ne devrait jamais être un privilège. C’est un droit pour chaque enfant, un droit protégé dans la Convention relative aux droits de l’enfant, que le Mali a ratifiée en 1990. Mais au-delà de la question des droits, il y a la question du développement d’une société paisible, cohésive, à l’économie compétitive. Selon les mots de la Ministre en charge de la Recherche scientifique, Mme Assétou Founé Samaké Migan, « Tout commence avec l’éducation et tout finit par l’éducation. » En d’autres termes, la valeur de l’éducation ne peut pas être surestimée.
Les enfants qui bénéficient d’une éducation de qualité ont la possibilité de s’épanouir, de poursuivre leurs rêves et de réaliser leur plein potentiel. Plus tard, lorsqu’ils deviennent adultes, ces mêmes jeunes seront équipés pour jouer un rôle positif dans leurs familles et communautés, de trouver un emploi bien rémunéré et de contribuer au développement socio-économique du Mali. Ils auront également plus de chances d’avoir des enfants qui seront eux-mêmes bien instruits. La rentrée scolaire aura lieu dans quelques jours. C’est le moment de redoubler les efforts menés avec le ministère de l’Education nationale et avec tous les partenaires du secteur, avec les communautés, les parents et les enfants eux-mêmes, pour transformer cette vision en réalité. Avec plus d’investissement dans le secteur de l’éducation et avec des partenariats solides, nous pouvons apporter un apprentissage de qualité et ininterrompu à chaque enfant au Mali, à travers une infrastructure scolaire améliorée, des enseignants bien formés, des innovations et des opportunités d’apprentissage alternatives.
Donnons aux futurs enfants de Diabou, et tous les autres enfants du Mali, une éducation de qualité.
Car une éducation de qualité pour chaque fille et chaque garçon veut dire plus de progrès pour le Mali de demain.
Lucia Elmi,
Représentante de l’UNICEF au Mali
L’Essor