La photo d’illustration est un exemple que je veux offrir en inspiration aux hommes politiques africains. Il n’est pas de ceux qui crachent dans la soupe en quittant la table.
Ne pas cracher dans la soupe en quittant la table…
Il y a quelques années, celui qui était alors un des plus jeunes ministres du gouvernement malien est remercié. Là où d’autres s’enferment dans l’aigreur, Mahamane Baby retourne dans son parti et fait preuve d’un zèle déconcertant dans les activités du Rassemblement Pour le Mali. Sans fonction et abandonné par les amis de circonstance, il encaisse le coup et fait preuve d’une extraordinaire dignité, au moment où ses autres compagnons ex-ministres se recroquevillent et en veulent à la planète entière pour les uns, et les autres, devenus des néo-opposants, font des pirouettes en dénonçant un régime qu’ils encensaient.
Aucune plainte. Pas la moindre critique du régime. Lors de la présidentielle de l’année dernière, sans jamais chercher la lumière, Baby est au cœur de l’équipe de campagne d’Ibrahim Boubacar Keita et œuvre dans l’ombre pour la réélection de celui qui l’avait limogé du gouvernement. Le sens de l’intérêt collectif. Le sens du devoir. Il revient en activité il y a quelques semaines, comme nouveau directeur général de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CANAM), une sorte d’assurance maladie publique que beaucoup envient au Mali, qui permet à toutes les bourses de se soigner décemment. Budget 2019 de la CANAM : 19 milliards.
Quand je pense qu’au Mali d’anciens griots du régime sont devenus ses plus grands pourfendeurs dès qu’ils ont été remerciés. Et qu’en Côte d’Ivoire les néo-opposants, ex-barons du pouvoir, rivalisent aujourd’hui de démagogie pour attaquer un régime dont ils sont comptables de tout ce qu’ils pourraient lui reprocher. Cela s’appelle renverser la table et casser tous les couverts après s’être gavé.
Assurément, la parole politique ne peut qu’être décrédibilisée quand on part de porte-parole du gouvernement à porte-étendard de l’opposition.
Mahamane Baby est un modèle pour tous les cadres du RPM.
Saïd PANDA Ancien Correspondant de la BBC au Mali
Canard Déchaîne