Au terme de ces 21 jours de sanctions, il est indispensable que nous sortions de la logique du bras de fer et que le Mali engage, comme indiqué dès le 10 janvier par le Président de la Transition, un dialogue constructif avec nos partenaires continentaux de l’Union Africaine et de la CEDEAO autour de la suite de la Transition. Tout est au point mort, les invectives prennent le pas sur le dialogue et personne ne veut donner l’impression d’avoir cédé.
Pendant ce temps, les conséquences des sanctions se font sentir dans toute la sous-région et menacent la stabilité de l’ensemble des Etats membres de la CEDEAO. Dans ce contexte tendu, toute initiative de médiation doit être largement soutenue. Les propositions de l’Algérie et la démarche entreprise par la Commission Paix et Sécurité (CPS) de l’Union Africaine sont indéniablement d’excellents points de départ.
En outre, cette première mission de l’Union Africaine permet au Mali, dont l’opinion publique reste très électrisée, et à la CEDEAO, qui est tenue par ses positions de principe, d’obtenir une bouée de sauvetage qui évite à chaque partie de perdre la face. Par ailleurs, les propositions raisonnables formulées dans le Communiqué final de la CPS sont, non seulement, une bonne base de discussion mais elles constituent surtout le gage d’une offre purement AFRICAINE qui n’est certainement pas formulées sous l’influence de la France ou d’une quelconque autre puissance extérieure. C’est aussi le fruit d’un réalisme salvateur qui nous sort du blocage en conciliant, d’une part, l’exigence internationale selon laquelle une transition ne peut s’installer dans la durée et, d’autre part, le « refus » des maliens de se faire dicter leur conduite par une CEDEAO qu’ils considèrent « instrumentalisée ». L’équilibre est trouvé et ne pas saisir cette occasion serait fâcheux.
Parlant de la proposition de seize mois à proprement dit, difficile pour un citoyen, aussi expérimenté soit-il, de s’aventurer dessus. Sur le sujet, ce qui est attendu des autorités maliennes, de la CEDEAO et de l’UA, c’est de commissionner des experts afin d’identifier immédiatement les actions indispensables et de les fixer dans un agenda négociable entre douze et vingt-quatre mois. Pousser en deçà ou au-delà n’a rien de productif ni pour la CEDEAO, ni pour le Mali. Dans ces discussions UA/CEDEAO/MALI, aucun autre pays, aucune organisation ni aucun officiel étranger ne devrait porter un avis ou le moindre acte susceptible de faire dérailler les négociations. La situation est déjà assez volatile pour ne pas en rajouter. C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai fermement condamné certains récents propos. Quelles qu’aient pu en être les causes, ils contribuent uniquement à crisper la partie malienne et à la plonger dans une psychose extrêmement dangereuse pour toute la sous-région.
Si au terme des négociations, un accord est obtenu avec un délai raisonnable pour l’ensemble des parties, toutes les composantes maliennes devraient s’abstenir de le rejeter qu’il soit considéré trop long ou trop court. Que chacun fasse des concessions. Il ne faudrait pas non plus que certains discours extrémistes du moment entravent les efforts de rassemblement prônés par le PT dès le lendemain de l’annonce des sanctions, le 10 janvier dernier. Je reste convaincu que l’absence d’actes visibles de rassemblement est principalement liée au climat électrique entretenu de part et d’autre au sein de l’opinion nationale. Chacun est appelé à travailler sur la confiance mutuelle, l’unité nationale et la cohésion autour des objectifs de cette éventuelle nouvelle phase de la Transition. Une phase qui appelle les plus hautes autorités de la Transition à rassembler toutes les compétences nécessaires pour redresser la barre. Ce n’est pas impossible puisque le souci de tous est le Mali, rien que le Mali.
Enfin, conformément aux conclusions des Assises nationales et à certaines propositions formulées par plusieurs acteurs sociopolitiques, le rassemblement national pourrait passer par l’élargissement du CNT (qui est une recommandation du rapport final des ANR au titre des mesures politiques et institutionnelles), le réaménagement du gouvernement, la présentation d’un PAG actualisé devant le CNT et, enfin, la relecture de la Charte de la Transition pour y faire figurer le nouveau délai. Bien entendu, cette nouvelle phase de la Transition devra être effectivement comprise par tous comme étant l’étape ultime avant le retour à un ordre constitutionnel normal.
Que chaque malien sorte des questions de personne, d’égo et de préjugés afin que l’espoir immense du moment rencontre le réalisme du succès qu’il espère !
Cheick Oumar Diallo – COD
Président du Mouvement Nouvel Horizon – Faso Jo Sira
Source: L’Alerte