Ceux qui pensaient que la gestion clanique, l’affairisme, la magouille, et le retard chronique dans le paiement des créanciers de l’État étaient des mauvais souvenirs au niveau de la Direction Nationale du Trésor et de la Comptabilité Publique, doivent déchanter, tant ces pratiques obscènes ont la vie dure dans notre pays qui, apparemment, peine à s’adapter dans l’élan du «Mali-Kura» prôné par les autorités de la Transition, à moins que… À moins que tout ne soit une simple vue d’esprit pour faire des Maliens des sujets plus corvéables encore… Et pour cause : les créanciers de l’État y doivent mettre la main dans la poche pour espérer entrer en possession de leurs dus !
La Direction, Nationale du Trésor et de la Comptabilité Publique, censée apporter une bouffée d’oxygène à l’Etat à travers le paiement des créances, semble aujourd’hui devenue un «petit État» dans l’État du Mali, dirigé par des «demi-dieux» auxquels il faut payer d’abord, et selon les quotas qu’ils vous imposent, pour avoir son argent. «J’ai des impayés au niveau du Trésor, mais je n’ai plus vraiment la force nécessaire de me tuer à des va-et-vient inutiles pour me faire entendre dire tous les jours la même chanson: «rien de régler d’abord», nous confie un créancier qui dit qu’il sait pourquoi on lui soumet à cette torture.
Et quand on lui fait savoir que c’est peut-être parce qu’il n’y a pas d’argent, vu le contexte difficile dans lequel le pays est plongé, il rétorque: «Détrompez-vous mon cher, nous savons comment ça se passe. On peut tout me dire sauf un défaut de liquidité, ces genres d’arguments ne tiennent plus, car avec le budget programme, toutes les dépenses sont préalablement approuvées en fonction de la disponibilité des ressources. C’est juste un système mis en place au niveau du Trésor par des brebis-galeuses pour se faire la poche sur le dos des fournisseurs et autres créanciers de l’État».
«Il n’y a rien de surprenant à ce que je vous dis», nous confie notre interlocuteur, et d’ajouter: «Nous vivons au quotidien l’entêtement de certains agents et chefs de service d’avoir quelque chose afin que nos factures soient vite réglées. Sauf que si l’on fait ce jeu-là, on risque de se retrouver finalement avec des miettes, le trésor n’étant que le dernier maillon d’une longue chaine, où nous sommes soumis à une corvée de paiement de pots de vin, des services de départ au Contrôle financier. Vraiment, il urge que ces pratiques cessent».
Peut-on parler de changement dans notre pays, disons de «Mali-Kura» dans un contexte où sévissent les pratiques du «Mali-Kôrô», si «Mali-Kura» il y a vraiment ? Une chose est claire, selon notre interlocuteur, tout le monde, du sommet de l’État aux plantons dans nos services publics, est courant de ces pratiques qui gangrènent, au-delà du Trésor, toute l’Administration malienne.
«La présidence de la République n’est pas épargnée… Je ne sais pas comment ça se passe présentement, sinon sous les anciens régimes, des milliards supposés être rétrocédés au trésor prenaient toujours d’autres destinations, sans que nul ne crie gare», ajoute notre interlocuteur.
Les plus hautes autorités sont donc fortement interpellées !
Par Moussa DIARRA
L’express de Bamako