L’atelier de formation à l’intention d’une quinzaine de journalistes sur le travail forcé et le recrutement équitable s’est ouvert, mardi dernier, dans un hôtel de la place. La cérémonie était présidée par le directeur national du travail, Fassoun Coulibaly, en présence du coordinateur national du Projet de lutte contre l’esclavage et la discrimination fondée sur l’esclavage au Mali (DRL), Ibrahima Cissé. On y notait aussi la participation de la vice-présidente de l’Association pour la consolidation de la paix, le développement, la promotion et la protection des droits humains (Temedt), Raïchatou Walet Altanata.
Cet atelier a été initié par le Bureau international du travail (BIT) à travers le projet DRL, en partenariat avec l’Association Temedt et l’ONG Anti-slavery international. Cette formation de trois jours est destinée à 15 journalistes répartis entre Bamako et les Régions de Tombouctou et Ménaka. Elle vise à encourager la production et la diffusion de reportages et d’articles de presse sur le travail forcé dans notre pays.
Le coordinateur national du projet DRL expliquera que l’atelier s’inscrit en droite ligne de l’objectif spécifique 1 du projet, notamment celui relatif à l’amélioration de la connaissance et la prise de conscience de tous les acteurs en matière d’esclavage et de discrimination liée à l’esclavage au Mali. Ibrahima Cissé a aussi indiqué que son projet vise à appuyer les efforts nationaux dans le combat contre l’esclavage.
Les localités concernées par les activités de ce projet sont Gossi (Tombouctou), Anderamboukane et Ménaka (Région de Ménaka) avec une recherche holistique qui intéressera la Région de Kayes. Les cibles de ce projet qui s’étendra sur 32 mois, sont notamment les victimes de l’esclavage, les autorités coutumières et religieuses, les collectivités territoriales, les agences gouvernementales et non gouvernementales.
Pour sa part, le directeur national du travail a salué la pertinence de cette formation sur un thème d’actualité. Ce partenariat avec les médias, a-t-il expliqué, vise à accroître la prise de conscience générale sur les interrelations entre le travail forcé et les pratiques abusives de recrutement, notamment dans un contexte de déplacement forcé en lien avec la recrudescence des violences liées à l’esclavage dans notre pays. Il a rappelé que le BIT accompagne notre pays dans le renforcement du cadre institutionnel de coordination, de pilotage, de suivi de l’éradication du travail forcé ainsi que dans le renforcement des capacités des organisations locales qui fournissent de l’assistance aux victimes.
Fassoun Coulibaly a aussi rappelé que notre pays a ratifié la Convention numéro 29 sur le travail forcé de l’Organisation internationale du travail (OIT) en 1960 et son protocole de 2014 a été ratifié en 2016. Il s’est dit convaincu que la rencontre renforcera les capacités des journalistes dans la collecte, le traitement et l’analyse des informations sur le phénomène. Et d’ajouter que cette forme d’exploitation prend une ampleur inquiétante dans notre pays singulièrement dans le secteur minier, avant de rassurer les journalistes sur sa détermination à les accompagner dans cette situation.
La vice-présidente de Temedt a expliqué que son organisation, créée en 2006, est la première association malienne des droits humains qui s’est assignée comme objectif principal, la lutte contre l’esclavage par ascendance. Elle a déploré la recrudescence, depuis 2018, des exactions subies par «les esclaves» dans certaines localités de Kayes. Raïchatou Walet Altanata a révélé que ces violences, qui varient d’un endroit à l’autre, portent sur la destruction d’habitation, la privation de l’usage des services sociaux de base et le retrait des terres de culture.
Mohamed D. DIAWARA