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Transition vers la télévision numérique : Le Mali relèvera-t-il le défi ?

L’heure du numérique a sonné au Mali. Mais d’un son tellement bas que la transition de l’analogique, système de réception classique basé sur la transmission de fréquence radio ou hertzienne au numérique beaucoup plus adapté aux avancées technologiques du 21ème siècle est passée presqu’inaperçue. Pour rappel, le 17 juin dernier cette transition commença au Mali et dans bon nombre de pays africains. Mais contrairement aux pays voisins comme le Sénégal, le Niger et la Côte d’Ivoire où le passage a été marqué par des cérémonies officielles, les autorités maliennes semblent reléguer au second plan un tel évènement. En quoi consiste-t-elle concrètement ? Le Mali saura-t-il passer à l’ère du numérique alors que d’autres priorités semblent plus urgentes ? Quels sont surtout les atouts de la télévision numérique par rapport à la télévision analogique ? Analyse d’un changement qui est appelé à bouleverser le paysage audiovisuel dans notre pays.

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C’est l’accord de Genève 2006 (GE06) de l’Union internationale des télécommunications (UIT) qui fait obligation aux Etats de passer de l’analogique au numérique pour la télévision à partir de mi-juin 2015. La date du 17 juin avait été fixée pour les pays de la zone UEMOA. Mais force est de constater que bon nombre de pays ouest-africains ne seront pas prêts pour la transition avant 2020 date butoir. Tout d’abord, il est bon de savoir qu’elle consiste dans la pratique à se procurer de décodeurs numériques et d’abandonner les antennes TV5 utilisées dans la plupart des ménages au Mali. Pas besoin de changer de téléviseur comme cela a été distillé un moment. Un vieux téléviseur peut très bien faire l’affaire si au lieu de brancher la vieille antenne, l’on branche le décodeur numérique. Mais pour que la transition au numérique soit une réussite, il faut la conjonction de deux éléments essentiels : la communication et une offre qui peut satisfaire la demande. Pour le premier élément, le constat général dressé est que l’Etat qui veille à la bonne mise en œuvre de cette transition a fait preuve de très peu de communication sur le sujet. Quelques spots publicitaires sont bel et bien passés dans les médias nationaux mais elles ont été insuffisantes et l’expertise a manqué pour bien éclairer la lanterne des Maliens. Le domaine est bien trop complexe et il faut une campagne de communication claire, précise et agressive pour que le malien lambda, assez peu instruit puisse comprendre exactement de quoi il s’agit. Dans les jours à venir, les autorités sont appelés à rectifier le tir et d’expliquer le plus pédagogiquement possible la transition de l’analogique au numérique. Faire une opération porte à porte dans certaines grandes villes du Mali comme ce fut le cas dans d’autres pays, notamment occidentaux qui ont réussi le passage, est un bon exemple à suivre.

Le second élément a trait à la disponibilité des décodeurs. Autrement dit, pas de décodeur, pas de transition numérique. En effet, le nombre de décodeur disponible est  largement inférieur à la demande correspondant au nombre de ménages. Un pays voisin, le Sénégal en avance sur le nôtre dans le domaine du numérique, ne dispose que de 5000 décodeurs pour plus d’un million de ménages. C’est dire l’ampleur du défi qu’attend nos autorités même si des chiffres quant au nombre de décodeurs disponibles sont méconnus pour l’heure.

 

La télévision numérique terrestre : du tout bon

En réalité, la transition numérique n’est que la concrétisation de l’évolution technologique en cours depuis plus de 100 ans. Elle est comparable à l’évolution que le monde a connu lors du passage de la cassette VHS au Compact Disc ensuite au DVD et maintenant au DVD blu ray ou encore du passage de la disquette à la clé USB ou de la photo argentique à la photo numérique. La télévision analogique terrestre (TAT) est le réseau actuellement en vigueur au Mali. Ce réseau classique est composé d’ondes hertziennes, d’émetteurs (pilotes) et de réémetteurs locaux.

Quant à la TNT, elle est une évolution technique en matière de télédiffusion fondée sur la diffusion de signaux de télévision numérique par un réseau de réémetteurs hertziens terrestres. Son utilisation permet d’obtenir une meilleure qualité d’image, ainsi que de réduire les coûts d’exploitation pour la diffusion et la transmission une fois les coûts de mise à niveau amortis. La principale différence avec la TAT est l’utilisation d’émetteurs multiplex permettant la transmission de plusieurs programmes sur le même canal.

 

Les 4 grands atouts de la télévision numérique

La télévision numérique présente 4 grands atouts. Premier atout, libérer les fréquences sachant que la diffusion analogique consomme environ six fois plus de fréquences que la diffusion numérique. Deuxième atout, une meilleure réception des chaînes en qualité d’images et de son. Troisième, grâce à la libéralisation des fréquences de nouvelles chaines de télévision pourront ainsi voir le jour plus facilement. La mise en place de services en lien avec le web sera également facilitée. Dernier atout, c’est la réduction de la fracture sociale numérique en ce sens que seuls, jusqu’à présent, les ménages jouissant d’un pouvoir d’achat conséquent pouvait s’octroyer un décodeur auprès d’opérateurs privés avec un abonnement qu’il faut renouveler tous les mois. Les ménages à faible revenus, qui n’avaient pas de décodeurs à la maison n’avaient droit qu’à 4 chaines : ORTM, TM2, TV5 et AFRICABLE. Avec la télévision numérique, ils auront droit, sans abonnement mensuel, à une kyrielle de chaines gratuites.

Le pouvoir IBK perd là une grosse occasion de communication gouvernementale qui aurait pu redorer le blason de sa gouvernance pour un temps. La signature de l’Accord de Bamako le 20 juin n’aurait pas dû occulter un si grand bon technologique. Accord ou pas Accord, le Mali doit continuer d’avancer.

Mais pour autant, peut-on dire que le Mali a raté le train de la TNT ? Non, on peut se consoler parce que durant toute une année, la télévision numérique et analogique cohabiteront mieux le délai incompressible est de 5 ans. Ce qui nous donne jusqu’à 2020 pour nous rattraper. La transition se fera de manière progressive au rythme de la disponibilité des décodeurs et de la campagne de communication pour l’évènement. Comme la France, qui a adopté le numérique en 2011, la mise en place d’un Groupement d’intérêt économique pourrait bien faciliter la tâche du gouvernement malien. Une autre proposition, la redynamisation du comité de pilotage de la télévision numérique déjà installé à la Primature avec des budgets faramineux mis à sa disposition par l’UIT. Le Mali serait bien inspiré de prendre exemple sur le Sénégal qui, même si on y a constaté des problèmes de pénurie de décodeurs, semble avoir bien amorcé la transition vers le TNT.

Pour conclure, la télévision numérique n’a que du bon pour nos populations. Reste à voir si le coût de son décodeur sera à la portée du citoyen malien lambda. Le marché noir ne devra pas s’immiscer dans la vente de ce décodeur au risque de faire grimper son prix comme c’est le cas au Sénégal. Le prix du décodeur y a été fixé officiellement par l’Etat à la modique somme de 10 000 F CFA. En Afrique, seuls la Tanzanie, l’île Maurice et le Rwanda ont totalement réussi leur examen de passage à la Télévision Numérique terrestre. Le Mali de Bamako 2000 et de Bamako 2002 qui a été le président du groupe africain et des comités préparatoires pour le sommet mondial sur la société de l’information devra honorer la double présidence de son compatriote Hamadoun Touré, ancien Secrétaire général de l’UIT.

 

Ahmed M. Thiam

 

Encadré

Proposition de la configuration de la radiodiffusion télévisuelle terrestre du Mali pendant la transition vers le numérique

Cette proposition est contenue dans la feuille de route du Mali pour la transition vers la télévision numérique élaborée par l’UIT en juillet 2012.

Il est important de faire des choix judicieux en tenant compte des exigences liées aux services et du cadre réglementaire.

Pour réussir la mise en œuvre des services, les acteurs du marché et les régulateurs sont appelés à coopérer dans l’élaboration des services. Les différents acteurs (radiodiffuseurs et fournisseurs de contenus (éditeurs de services), opérateurs de multiplex et de réseau, importateurs et vendeurs d’électronique grand public) sont tous très intéressés par la télévision numérique de Terre et devraient, à ce titre, soutenir les choix opérés en faveur de l’évolution du réseau.

Les services de télévision numérique de Terre peuvent être classés par catégories, selon le type de réception (antenne de toit, réception portable en intérieur ou en extérieur, réception mobile et sur dispositifs portatifs) et selon le type de fourniture de contenus (télévision à définition normalisée (TVDN), télévision à haute définition (TVHD), télévision interactive et services de transmission de données).

Par conséquent, pour planifier la télévision numérique de Terre, il convient de trouver un compromis entre:

  • la capacité du multiplex;
  • la qualité de la couverture;
  • les caractéristiques de rayonnement.

Une fois trouvé, ce compromis déterminera dans une large mesure le type de réseau télévisuel de Terre et l’évolution possible du réseau.

La capacité du multiplex influe sur la qualité du service. Le débit net de données du multiplex et le nombre de services dans le multiplex déterminent le débit de données par programme. La capacité du multiplex est limitée par la technologie du système de compression et de transmission.

Avertissement: des débits de données inférieurs à 4 Mbits/s par programme peuvent entraîner un phénomène de « barre parasite » et des artefacts sur les écrans plats des téléspectateurs, qui feront alors des réclamations. Les consommateurs se plaindront d’autant plus quand ils auront des écrans plus grands chez eux. A éviter donc!

Les capacités du multiplex peuvent varier substantiellement selon les choix technologiques préférés. Par exemple, le système DVB-T offre le choix entre les tailles de FFT (transformée rapide de Fourier) 2k ou 8k, trois types de modulation de porteuse et cinq débits de codage, soit 120 variantes possibles.

En plus, La norme de deuxième génération DVB-T2 a été élaborée pour la radiodiffusion télévisuelle numérique de Terre et offre, dans des conditions de réception similaires, une capacité de transmission de données nette de 30 et 50% supérieure à celle de la norme DVB-T. Pour assurer les services à valeur ajoutée aux téléspectateurs et atteindre l’efficacité du processus de transition, il conviendra de démarrer la transition avec au moins deux multiplex (multiplexage statistique) et de prévoir la réception fixe du signal numérique à l’antenne sur le toit des maisons.

Le Plan Numérique du Mali prévoit (à préciser):

– Au plan national environ 8 multiplex;

– Au plan régional jusqu’à 8 multiplex supplémentaires. (2.4)*

Chaque multiplex peut être composé de trois programmes en Haute Définition (TVHD) ou 8 programmes en Définition Normalisée (TVDN) ou un mélange de ces deux options en utilisant la norme de codage MPEG-4. Ce nombre de programmes par multiplex peut être multiplié par un facteur jusqu’à 2 en utilisant le standard DVB-T2 (en cours de développement). (2.1 & 4.1) Pendant la période de transition, le contenu des programmes offerts par les multiplex- susmentionnés devra être libre de tous droits d’accès (abonnements) et de tout cryptage pour les ménages.

La mise en place d’un opérateur national unique pour les multiplex et les réseaux d’émission serait raisonnable pour les avantages associés à la mutualisation des infrastructures permettant une réception améliorée et de moindre coût pour les téléspectateurs. (2.2 & 4.2)

Sur la base du choix technologique, le CNTN définit les conditions dans lesquelles l’autorité de régulation de l’audiovisuelle va déterminer le choix des éditeurs de services et leur accès aux multiplex. Le processus de transition de vers le numérique doit être progressif. Il prend fin avec l’arrêt définitif des émetteurs analogiques à l’échelle nationale avant la date butoir du 17 juin 2015.

La technique du multiplexage statistique offre une utilisation plus efficace de la capacité du multiplex. La partie de la capacité ainsi libérée pourra être affectée à des services supplémentaires interactifs de communications électroniques, la Télévision Haute Définition, Internet simplifié, guides électroniques de programmes (Electronic Programme Guide – EPG) etc. constituants le dividende numérique. Ces services, ainsi que l’augmentation du nombre des programmes de télévision, fournissent une valeur ajoutée à tous les téléspectateurs.

source :  Inf@sept

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