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Transition: pour qui roule le Cadre ?

Le Cadre d’échanges des Partis politiques et Regroupements de Partis politiques pour une Transition réussie a tenu ce samedi 19 mars 2022 au Centre Djoliba une conférence de presse aux allures de meeting qui se voulait un rappel de troupes et une démonstration de force en prélude au 25 mars, fin de la transition selon lui. La sortie des anciens supporters d’IBK qui se battent aujourd’hui pour la réussite de la Transition est dictée par la gravité de la situation, l’escalade permanente quasi quotidienne adoptée par le Gouvernement actuel comme mode de gestion et la violation des engagements pris par les autorités de la transition. Aussi le cadre en appelle-t-il, comme dans un SOS, à la classe politique dans son ensemble, à la société civile, aux démocrates, aux patriotes, aux leaders traditionnels et religieux et à l’ensemble des partenaires du Mali (CEDEAO, Union Africaine, Nations Unies, Union européenne…).

Dans une diatribe d’une rare incohérence, le Cadre estime qu’aucune action concrète n’a été entreprise dans le sens de l’organisation des élections, pour un retour à l’ordre constitutionnel et que c’est pourquoi il y a «rupture de confiance du Peuple et des partenaires du Mali».
Le Peuple digne et fier du Mali n’aspire qu’à la sécurité, à la paix et la cohésion entre tous ses fils ; il n’a aucun problème avec les amis et les « partenaires du Mali ».
Le cadre étale au grand jour sa mauvaise foi s’il argue que «les autorités de la Transition ont travaillé plutôt à mettre toutes les parties prenantes devant le fait accompli d’une prolongation, sans aucune discussion préalable ». Car tout le monde a vu les kermesses quotidiennes organisées par les soutiens du régime en vue d’une prolongation de la Transition dont les débats au CNT n’ont pas été à huis clos.
À la vérité, les politiciens de l’ordre ancien ont eu peur de prendre part aux discussions en amont des Assises nationales de la refondation (ANR), faute d’arguments et propositions, peut-être !
Sinon avancer que «le pouvoir actuel a privilégié les menaces, les intimidations, les bras de fer, le mépris et les affrontements avec tous ceux qui ont une voix proposante ou discordante» relève de la mauvaise foi évidente sinon de la contre-vérité.

Le Cadre n’est pas à une incohérence près lorsqu’il dit que ce sont les autorités de la Transition qui « dans sa gestion hasardeuse, a mis la CEDEAO sur le dos en entraînant un embargo contre le Mali.
Plus de deux mois après le même Gouvernement, avec l’aval du Président de la Transition, persiste à maintenir les sanctions contre notre pays sans faire une proposition pour abréger la souffrance du Peuple ».
L’embargo est consécutif par contre au patriotisme des autorités de la Transition de ne pas céder un pouce de la souveraineté du Mali à la CEDEAO qui veut mettre le Mali sous Tutelle par procuration pour la France. Oui, le président Assimi Goïta solidaire de la souffrance des peuples dignes du Mali et de l’Afrique de l’Ouest n’abdiquera pas, ne capitulera pas face à l’injustice condescendante et au néocolonialisme arrogant.
Ce n’est pas qu’au Mali que la vie est devenue dure, elle est même insupportable pour de nombreuses entreprises, pour de nombreux pères, pour de nombreux ménages qui ne veulent pas troquer leur dignité et leur honneur contre un aplatissement sans gloire. Face au maintien des sanctions, ils disent chaque matin : plutôt la mort que la honte. Apparemment, une devise oubliée par certains qui veulent coûte que coûte le retour du hallali avec des partenaires peu soucieux de nos aspirations. Sinon on ne serait pas encore là, après neuf (9) ans.
En pointant du doigt la crise économique qui se mondialise, le Cadre a ‘’tapé à terre’’ comme disent les Ivoiriens. La hausse du prix des hydrocarbures impacte l’ensemble des pays du Monde et a des répercussions sur tous les secteurs d’activité économiques.
Le Mali n’étant pas producteur de pétrole, en quoi ses autorités seront-elles tenues pour responsables de l’augmentation du prix de l’essence et du gasoil au Mali et ailleurs dans tous les pays du monde ?
Qu’on nous donne un seul pays du monde, à part les pays producteurs, où les prix des hydrocarbures et des transports n’ont pas grimpé.
Le Mali Koura, c’est peut-être du populisme, mais ça aussi c’est du populisme politicien. Le cadre ferait mieux de sérier entre les discours et prises de parole des autorités et la propagande effrénée, il est vrai, de leurs supporters sur les réseaux sociaux.
Surtout beaucoup feraient mieux de faire l’audit de leur bilan avant de s’emporter. Car, celui qui n’a pas traversé la rivière (prescription) ne doit pas se moquer de celui qui se noie.
Les affaires, ça ne date pas de la transition. «Les tonitruantes surfacturations se rapportant à l’acquisition d’un avion présidentiel et à l’achat d’équipements militaires, diversement commentés dans l’opinion, sarcastiquement dénoncées par la presse écrite et orale et sévèrement critiquées par l’opposition » sont encore en mémoire.
Dans ces conditions et dans celles du Mali d’aujourd’hui, vouloir la mise en place, à compter du 25 mars 2022, d’une nouvelle Transition avec un nouveau Conseil national de transition (CNT) et un nouveau gouvernement de mission conduit par un Premier ministre non partisan procède d’une belle utopie de la part du Cadre.
Sans aucune proposition autre que nous sommes le Cadre d’Échanges des Partis politiques et Regroupements de Partis politiques pour une Transition réussie, et nous prônons ce qu’exige la CEDEAO.
L’appel lancé le samedi 19 mars au peuple, à l’ensemble des partis politiques (qui se démarquent), à l’ensemble des démocrates, à l’ensemble des patriotes « à se joindre à sa démarche pacifique et cohérente qui s’inscrit dans la légalité constitutionnelle pour sauver notre pays » risque de tomber dans l’oreille d’un sourd.
Mais attendons de voir la nouvelle trajectoire que le Cadre (qui sans populisme et sans démagogie regroupe l’essentiel des forces politiques, sic !) compte impulser à la transition après le 25 mars, avec peut-être l’intervention de la CEDEAO dont la force en attente pourrait venir exterminer les autorités de la transition et tous les Maliens qui les soutiennent.
Prenons garde ! Car le Cadre est très sérieux en disant que si la situation politique déplorable de notre pays ne changeait pas le 25 mars, il « se réserve le droit d’user de tous les moyens légaux pour défendre la Constitution et la République ».

Par Abdoulaye OUATTARA

Source: INFO-MATIN
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