Le conclave a donné lieu à l’élection du nouveau président de la république. En effet, on a enfin aperçu la fumée blanche annonçant la désignation d’un ancien colonel major à la retraite pour occuper la magistrature suprême. Les tractations, qui ont conduit à ce choix, demeurent inconnues mais la composition du collège a, peut-être, pu influencer ce processus. Ledit comité de désignation aurait dû compter cinq militaires, deux représentants du M5-RFP, deux représentants des religieux et deux représentants de la société civile.
À moins qu’il n’y ait eu unanimité entre les religieux, le M5 et la société civile, les militaires étaient en nombre suffisant pour imposer le candidat de leur choix. Sinon, comment expliquer la désignation d’un colonel major à la retraite ? Il n’a de civil que l’habit qu’il porte. Trente-cinq ans de carrière militaire laissent entrer le métier en vous. Le CNSP a donc trouvé une manière subtile pour déjouer les plans de la CEDEAO. Le colonel-major Bah N’Daou n’aurait certainement pas été le choix des partis politiques. Le M5-RFP et les autres groupements n’approuvent qu’à contre cœur qu’on leur vole la vedette.
Au-delà de toutes ces considérations, le choix semble répondre aux attentes des maliens. Une personnalité apolitique, qui connait les urgences du moment, pourrait bien faire l’affaire. Pour avoir été au front, il mesure les enjeux sécuritaires que connaît le pays. C’est une transition militarisée avec une légère coloration civile. Mais elle sied bien, car les crises successives ont été le fait des politiciens véreux. Ils ont, avec la complicité de certains hauts gradés de l’armée, affaibli la sécurité d’un pays dont les hommes étaient connus pour leur vaillance. Ils ont bafoué les principes fondamentaux de notre Constitution et foulé aux pieds les espoirs de plusieurs générations.
Mais désormais majoritairement incrédules, les politiciens véreux devront, après la période transitoire, répondre devant le peuple. Les futures élections seront, en effet, les occasions de sanctionner tous ces fourvoyeurs de la démocratie. Un toilettage de l’espace politique s’impose. La jeunesse doit se faire violence pour devenir les nouveaux gardiens de la démocratie piétinée par ses devanciers.
Dr Moussa Dougouné