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Transition malienne: Pourquoi les scandales militaro-financiers mettent en cause les hommes nommés par les colonels

«L’éléphant annoncé est arrivé avec un pied cassé». Pourrait-on le dire, s’agissant de la gestion des militaires qui ont contraint Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) à la démission, le 18 août 2020, à cause de l’ingérence de sa famille dans la gestion de l’État, surtout dans l’attribution des marchés publics, dont les membres raflaient tout sans passer par la procédure normale. Si ceux qui se partageaient les milliards sous IBK étaient connus du grand public, c’est l’opacité chez les sauveurs. Mais une fois que le scandale éclate, les très proches des militaires se trouvent au cœur de la nébuleuse avec des milliards volatilisés. Quand le népotisme nous tient !Décidément, le changement n’est pas à l’ordre du jour au Mali.
À chaque changement de régime par la force, les nouveaux maîtres pour légitimer leur pouvoir auprès de la population, excédée par les exactions, les injustices, les brimades du régime défunt, sortent de leur chapeau des slogans à espérer: «La liberté», «Le changement», «Rien se sera comme avant». Malheureusement pour eux, les faits les rattrapent. Au bout de quelques mois d’exercice du pouvoir, leur vrai visage hideux se découvre au grand public. La transition des cinq (05) colonels est loin de rompre avec les anciennes méthodes des autres acteurs des coups d’État. À savoir le népotisme, le clientélisme, le favoritisme, l’attribution des marchés publics au clan. Les nominations au Conseil des ministres et les scandales militaro-financiers ne diront pas le contraire.La transition militaire, instaurée sous la coupole du Conseil national pour le salut du peuple (CNSP), dont les têtes de proue les plus connues sont cinq (05) colonels (Assimi Goïta, président de transition, Malick Diaw, président du Conseil national de transition (CNT), Ismaël Wagué, ministre de la Réconciliation nationale, de la Paix et de la Cohésion sociale, Sadio Camara, ministre de la Défense et des Anciens combattants, Modibo Koné, directeur des Services de renseignements), annoncée comme un éléphant pour nettoyer sur son passage la souillure démocratique des trente dernières années, est arrivée avec un pied cassé. Non seulement, elle n’a pas montré pattes blanches pour le changement souhaité par les militants du Mouvement du 5 Juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), mais elle s’est engagée dans une course effrénée pour octroyer à ses parents, amis et affidés des postes dans l’administration publique, où il y a à boire et à manger sans être inquiétés.
Conséquence de cette gestion clanique: les scandales militaro-financiers défraient la chronique et éclaboussent les militaires qui avaient fait croire dans leur déclaration annonçant la démission d’IBK une rupture dans la gouvernance.Elle est aujourd’hui l’incarnation de l’échec dans le choix de ses hommes bombardés dans la haute sphère de l’administration au détriment des compétences et de l’expérience. Chaque colonel a placé ses hommes à la tête d’une structure à sous. Mais partout, où ils ont été nommés, c’est la déception et l’humiliation pour les soutiens de la transition dont certains ont juré que le Mali vient de rentrer dans une phase de reconquête morale avec les premières mesures annoncées par les auteurs de la démission forcée du président Keïta. Et pour les détracteurs de la transition, c’est la rançon de l’arrogance, du mépris, du sabotage et des contre-vérités répandues dans l’opinion nationale pour rendre responsable la classe politique démocratique de la déchéance de l’État malien. «La nuit qui s’annonce bonne est sue au crépuscule»Comme on le dit chez nous, «la nuit qui s’annonce bonne est sue au crépuscule». Les premiers scandales liés aux nominations népotistes n’auguraient rien de bon pour la transition militaire. Il s’agit des recrutements clandestins au niveau de la Caisse nationale d’Assurance maladie (CANAM), de l’Institut national de Prévoyance sociale (INPS), de l’Énergie du Mali. Ils ont permis aux proches parents des militaires d’intégrer ces boîtes au moment où les fils des pauvres attendaient le lancement des concours pour déposer leurs dossiers.
Ils emboitent ainsi le pas aux régimes démocratiques qui se sont succédé. Du régime Alpha Oumar Konaré à Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) en passant par Amadou Toumani Touré (ATT), on a l’impression que les postes de ces services étatiques sont réservés aux enfants du pouvoir en place.
Décriés par les demandeurs d’emploi, les recrutements nocturnes cèdent la place aux scandales militaro-financiers impliquant les hommes des princes du jour. L’affaire de l’achat des groupes électrogènes pour le compte de la Société Énergie du Mali (EDM-SA) est passée par là. Un proche d’un colonel croupit dans la prison à Bamako. Un autre proche d’un colonel est en fuite. On parle des milliards de F CFA qui ont pris une autre destination. Aujourd’hui, cette affaire, dont le dossier a été retiré de la Cour d’Assises spéciale, plonge tout le Mali dans le noir.Et l’affaire qui fait l’actualité ces derniers jours, c’est le limogeage de Lassine Dembélé, ministre de l’Agriculture et de Nango Dembélé, Président-directeur général (PDG) de la Compagnie malienne pour le développement des textiles (CMDT). Ces deux (02) hommes sont très proches du colonel Assimi Goïta, président de la transition malienne. Idem pour l’EDM-SA. Des milliards volatilisés, doublés d’une mauvaise gestion des intrants agricoles (engrais, pesticides, semences…).Ces scandales défraient aujourd’hui la chronique parce que mettant en scène des parents et amis des militaires. Eux qui avaient pris l’engagement de donner espoir au peuple malien pour nettoyer les écuries d’Augias pour l’avènement d’un Mali Koura avec en toile de fond la refondation de l’État.Pourtant, malgré la campagne d’intoxication menée contre les hommes politiques, ceux du M5-RFP, ne traînent pas de casseroles.

Ils ont montré qu’ils ont été nommés dans le gouvernement pour travailler dans le sens du changement demandé par les Maliens. Et ils l’ont prouvé par le sérieux et la rigueur dans la mission à eux confiés. Il s’agit de Mme Sidibé Dédéou Ousmane, ministre de l’Éducation nationale, Mme Diarra Awa Paul Diallo, ministre du Travail, de la Fonction publique et du Dialogue social. Ces deux (02) dames ont montré que le changement est possible. La première a mis de l’ordre dans l’organisation des examens scolaires qui étaient devenus un marché, où l’argent réglait tout. La seconde a organisé le meilleur concours d’entrée à la fonction publique. Côté satisfaction de ce concours, les non-admis ont reconnu que les résultats ne souffrent d’aucun doute.Pourquoi les hommes nommés par les militaires ne font pas comme ces grandes dames qui ont laissé leur nom dans l’histoire du Mali en donnant de l’espoir au peuple malien ?Il est temps que le colonel Goïta revoie sa copie dans le choix des hommes à occuper des postes à responsabilité.Yoro SOW

L’Inter de Bamako
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