Au cours de la cérémonie solennelle de prestation de serment hier devant la Cour suprême au CICB, le nouveau chef de l’État a promis d’imprimer une nouvelle dynamique à la conduite des affaires publiques
Le colonel Assimi Goïta a prêté serment hier devant la Cour suprême et a été investi président de la Transition, chef de l’État. Le nouveau locataire du Palais de Koulouba arrive en rassembleur d’un pays meurtri, écartelé entre des crises qui plombent son développement depuis bientôt une décennie. Il a appelé le pays à “l’unité”, la communauté internationale à accompagner la nouvelle dynamique et donné le ton d’une transition qui se veut moins dépensière. Le nouveau président a annoncé à cet effet qu’il consacrera les 2/3 du fonds de souveraineté du président, soit 1,8 milliard de Fcfa annuel, à des œuvres socio-sanitaires, notamment pour faciliter l’accès à l’eau potable et aux soins de santé primaire dans les zones difficiles.
L’ancien commandant du Bataillon des forces spéciales se retrouve ainsi en première ligne sur le front politique. L’audience solennelle consacrant son nouveau statut s’est déroulée en présence des présidents des institutions, du chef du gouvernement, des diplomates, des acteurs de la classe politique, de la société civile, des représentants des groupes signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation… C’est une salle archicomble qui a reçu avec enthousiasme à 10 heures 32 minutes, le colonel Assimi Goïta et son épouse, Mme Goïta Lalla Diallo.
Présidée par le président de la Cour suprême, Wafi Ougadèye, l’audience solennelle a été marquée par la lecture de l’arrêt de la Cour constitutionnelle, désignant le colonel Assimi Goïta comme président de la Transition. Le procureur général, Mamoutou Timbo, prendra ensuite la parole pour ses réquisitions, dans lesquelles il a conclu à la recevabilité de la prestation de serment. Non pas sans faire remarquer que le serment prêté par le colonel en septembre dernier ne saurait être invoqué pour faire obstacle à la recevabilité de sa demande de prestation.
Le sens et les implications du serment qu’Assimi Goïta prêtera quelques minutes plus tard, ont été élucidés par le ministère public. Mais pour Mamoutou Timbo, le problème central dans notre pays est l’impunité. Alors, a-t-il estimé, l’élaboration d’une nouvelle stratégie pour lutter contre ce fléau doit figurer en bonne place dans l’agenda de la Transition. Me Moustaph Cissé, bâtonnier de l’Ordre des avocats du Mali, insistera lui aussi sur l’urgence de s’attaquer à ce fléau. Il ajoutera qu’il y a eu ‘’ trop d’hésitation dans le traitement des maux qui assaillent notre pays, notre démocratie’’.
La main droite levée, l’ancien vice-président, qui accède à la magistrature suprême à 38 ans, a fait le serment de préserver le régime républicain, de respecter la Constitution et la Charte, de remplir ses fonctions dans l’intérêt supérieur du peuple, de garantir l’unité nationale, l’intégrité du territoire national… La cérémonie s’est poursuivie avec la décoration du nouveau chef de l’État par le grand chancelier des Ordres nationaux, le général Amadou Sangafourou Guèye. Élevé à la dignité de Grand croix de l’Ordre national du Mali, le colonel Assimi Goïta a reçu une écharpe tricolore qui fait de lui le Grand maître des Ordres nationaux.
DIALOGUE FRANC- Il y a neuf mois, le jeune officier supérieur accomplissait pratiquement le même rituel aux côtés de Bah N’Daw qu’il a poussé à la démission tout comme l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta. Beaucoup d’eau a coulé sous le pont, depuis. Mais les défis restent entiers. La situation sécuritaire ne s’est pas substantiellement améliorée, le tissu social est en lambeaux, la Covid-19 n’est pas vaincue, l’Accord pour la paix et la réconciliation connaît toujours une application poussive et les réformes politiques et institutionnelles sont
encore de l’ordre des bonnes intentions. La période de transition, dont la conduite vient de lui être confiée, est censée relever ces défis… En moins de dix mois.