L’attente fut longue et le supplice grand. Le peuple malien attend avec impatience le Gouvernement de la Transition et la levée des sanctions de la CEDEAO.
Annoncée pour 48 heures après la nomination d’un Premier ministre civil, la formation du Gouvernement de la transition semble désormais reléguer aux calendes grecques.
Comme raisons de blocage, dans un premier temps, on évoquait un conflit de leadership entre le CNSP, le Président de la Transition et le Premier ministre dans le choix des hommes, sinon de liste des membres du Gouvernement. Puis, des informations plus crédibles ont soutenu, qu’il s’agit plutôt d’une recommandation du Président de la Transition relative à un rapport individuel d’enquête de moralité sur chaque personnage désigné pour occuper le fauteuil de ministre dans le futur Gouvernement, qui serait la cause du retard accusé. Mais à la surprise générale, hier dimanche, il s’est avéré que le Premier ministre sur instruction du Président de la Transition est d’abord à la phase de rencontre.
Cette rencontre du PM Ouane a été tenue hier dimanche à la Primature avec les forces vives de la nation représentées au sein du M5-RFP, les partis et regroupements politiques, des organisations de la société civile, des Maliens établis à l’extérieur, des Mouvements signataires de l’accord de paix issu du processus d’Alger et des Mouvements de l’inclusivité.
Ce qu’il faut retenir est le fait qu’au centre de ces échanges, il n’y avait aucunement le point relatif à l’ossature du nouvel attelage gouvernemental, encore moins le choix hommes et femmes qui vont animer ce prochain Gouvernement. Il s’agissait des discussions autour entre autres, des résolutions et recommandations du Dialogue National Inclusif et des concertations nationales pour mieux définir les actions du Gouvernement de la Transition, conformément à une feuille de route.
Dès lors, il reste plausible d’admettre que la mise en place imminente de l’équipe gouvernementale n’est pas encore à l’ordre du jour.
Le deuxième enjeu, non moins important qui coupe le sommeil aux Maliens aujourd’hui, est relatif à la levée des sanctions de la CEDEAO, infligées à notre pays dès le lendemain de la démission ‘’arrangée’’ du président Ibrahim Boubacar Kéita. L’embargo qui pèse sur le Mali commence à être lourd à supporter par la population, notamment les acteurs du secteur économique. Avec les avancées notables dans la mise en œuvre et la révision de la Charte de la Transition, tout le monde pensait que la réaction des Chefs d’Etat de la CEDEAO allait être immédiate pour décréter la levée de l’embargo sur le Mali. Mais cela, n’est pas encore le cas, car les frontières entre le Mali et ses pays de l’espace communautaire restent toujours hermétiquement fermées. Qu’est ce qui explique donc ce blocage ?
Difficile de répondre à cette question, d’autant plus que toutes les recommandations connues à cet effet, formulées par les Chefs d’Etat de la CEDEAO ont été respectées, à l’exception d’une seule, relative à la dissolution du CNSP. Celle-là sera effective, selon nos sources, dès la mise en place du Gouvernement. Il appartient donc aux dirigeants de la CEDEAO de songer au devenir de la population malienne, qui prime sur tout.
Quant aux dirigeants de la transition, il est de leur devoir de passer vite aux choses sérieuses, car les 18 mois programmés pour la conduite de la transition ne suffisent même pas pour pouvoir faire un résultat à hauteur de souhait, car les attentes sont grandes et les Maliens sont de nature impatients. Le savent-ils ?
Maïmouna Sidibé