Plus d’un mois après le coup d’Etat contre le président IBK, son successeur par intérim s’est engagé à lutter contre les fraudes, détournements et pots-de-vin, lot quotidien du pays en crise. Mais à Bamako, magistrats et lanceurs d’alerte ne se font guère d’illusions sur le temps que prendra une telle ambition.
Le policier en tenue bleue, béret noir et lunettes de soleil, sifflet au coin des lèvres, est l’heureux titulaire d’un poste à «Dubaï». Non pas au Qatar, mais dans les entrailles grouillantes de Bamako. A l’endroit précis où la ligne abandonnée du chemin de fer Mali-Sénégal croise le goudron de la rue Achkabad, axe historique de circulation nord-sud de la capitale, emprunté notamment par les sotramas, ces camionnettes déglinguées reconverties en minibus, et les antiques «bâchés» Peugeot. Le trafic y est dense, le ralentissement obligé à cause des vieux rails qui cravachent les amortisseurs. A peine besoin de siffler pour obtenir l’arrêt d’un véhicule : l’argent des bakchichs – pour des infractions réelles ou imaginaires, peu importe – coule tout seul dans la main du policier. Comme à Dubaï.
Mais les affectations comme celles-ci, convoitées par les agents de circulation, se monnayent auprès des supérieurs hiérarchiques. Qu’il faut évidemment rembourser en paiements réguliers, https://www.liberation.fr/planete/2020/09/29/transition-au-mali-operation-lendemains-propres_1800902