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Transition au Mali : Ces inquiétudes qui planent sur le calendrier électoral

Mieux vaut tard que jamais. Le vin de la transition est tiré. Le boire à tout prix est une question de survie. D’où la pression payante sur le gouvernement à fixer les dates des réformes recommandées. Pour ce faire, le calendrier électoral de fin de transition a été publié en début de semaine par les autorités.

31 octobre 2021 pour le référendum ; 26 décembre 2021 pour les élections des collectivités ; 27 février, 1er tour des élections présidentielles couplées aux législatives. Comme soutient Salia Samaké, président de la section VI MPR, en faisant une analyse en diagonal dudit document, on peut dire alléluia et féliciter les tenants du pouvoir pour leur volonté de respecter la durée convenue de la transition, à savoir les 18 mois. De ce fait, sur papier tout est calé sur ce délai fétiche. Or, en analysant en profondeur, on est face à de sérieuses inquiétudes. Des questions se posent quant à la fiabilité et à la possibilité de la mise en œuvre du projet. Au nombre de ces questions on peut citer les moyens avec la situation économique actuelle du pays.

Le challenge, c’est d’avoir les moyens de notre politique. Faut-il croire au Premier ministre Moctar Ouane qui, lors de la présentation du plan d’action gouvernement devant le CNT, a rassuré que l’Etat dispose de moyens nécessaires pour atteindre les objectifs visés. A cela s’ajoute l’épineuse problématique qui consiste à la finition du découpage du territoire. Il va de soi qu’une bonne préparation des élections repose forcément sur la fin du découpage territorial. Ce processus ressemble en réalité à un véritable serpent de mer. Autre souci, c’est le court délai entre l’adoption des textes et le début des opérations électorales. Le fait d’adopter la nouvelle constitution le 31 octobre 2021 et réussir la tenue des élections des collectivités le 26 décembre fait rêver. Il est à rappeler que l’adoption d’une nouvelle constitution va forcément engendrer des changements de fond sur le système électoral et de gouvernance. Il s’agit notamment de l’institution du Senat, la Cour des Comptes. Question : est-il possible de déterminer et d’ajuster ce mécanisme en deux mois ? En tout cas, le gouvernement est décidé à le faire. Et si le peuple rejetait le projet de constitution ? A-t-on tenu compte de cela ? Il s’agit d’une éventualité à laquelle le Gouvernement doit faire face.

Que dire du sujet de l’inclusivité, dans la mesure où les autorités peinent à rassembler autour des réformes. Aujourd’hui, c’est une classe politique qui refuse de jouer le jeu. Les raisons sont diverses. Cependant, il est vraiment utopique de vouloir raser la tête sans son propriétaire. Seuls ceux qui sont dans les décors conseillent les autorités à aller à ces reformes sans les politiques. Malgré certaines dérives, ils sont essentiels en démocratie. Il faut donc s’attendre à un résultat mitigé si le projet de réforme est réalisé sans leur implication. Il est indispensable à cet effet d’éviter un retour à la case de départ.

Ce qui est encore plus impératif, c’est le défi sécuritaire, gage de toute organisation de scrutin. Or, il nous faut des élections sur toute l’étendue du territoire national. Alors que notre Etat a perdu le contrôle de presque la moitié du pays. L’armée et ses alliés pourront-ils pacifier et sécuriser le pays en moins d’un an ? Chose qu’ils peinent à résoudre depuis presque une décennie. Ainsi, tirant les enseignements des 8 mois écoulés, les autorités de la transition, comme le dit toujours Colonel Assimi Goïta, n’ont plus droit à l’erreur. Tout ce qui est de nature à contribuer à la sortie de crise par la bonne organisation de ces évènements ne doit pas être négligé.

Jean Goïta

Source : La lettre du Peuple

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