A environ deux mois du délai prescrit par la Cédéao, la Transition malienne a toutes les chances et toutes les raisons d’être prolongée. Cela, au regard de l’étendue du chantier de la lutte contre l’impunité, la corruption et l’insécurité, catalyseurs de la situation chaotique que le pays connait. C’est dire que la date du 27 février n’est pas une fin en soi sachant bien qu’il y a des préalables à régler.
Installée pour 18 mois, la Transition arrive à terme en principe après l’élection présidentielle prévue pour le 27 février 2022. Mais compte tenu des réalités du moment, tout porte à croire que cette date sera repoussée. Un éventuel report imposé surtout par la complexité des causes ayant engouffré le pays dans cette situation désastreuse et auxquelles il faudra s’attaquer au lieu de se précipiter vers un scrutin bâclé. A l’inverse de beaucoup d’autres pays dirigés ou ayant été sous la coupole de la Transition, le Mali connait une crise multidimensionnelle depuis 2021 qui a ébranlé tous ses segments. Les actes déclencheurs de cette situation dramatique ont pour noms la corruption et l’impunité qui ont favorisé la détérioration sécuritaire avec une grande partie du pays sous menace terroriste. Ces fléaux nécessitent d’être bannis pour pouvoir poser les jalons d’un Etat redressé. Dans cette démarche, aucune menace, aucune pression ni intérieure encore moins extérieure ne doit faire dévier de cette trajectoire les autorités transitoires.
« Nous nous sommes engagés sur un calendrier pour tenir les élections en février. Nous sommes dans cette lancée mais (…) cette approche dogmatique de dire ‘‘c’est le 27 février ou rien’’, je crois qu’il faudra que nos partenaires prennent un peu de recul pour regarder l’ensemble de la situation », a d’ailleurs rappelé le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale. « L’Etat d’esprit doit changer…Qu’on sorte de la prescription, des diktats, des invectives, des ultimatums, pour entrer dans le cadre d’un dialogue et une écoute sincères avec les Maliens », a ajouté Abdoulaye Diop pendant que la Cédéao tente de se montrer intransigeante sur la date du 27 février.
Comme l’on a coutume de le dire, « à situation exceptionnelle, il faut une solution exceptionnelle ». Le cas du Mali s’apparente à cette situation. Partant de ce constat, des conditions doivent être créées pour minimiser les contestations électorales afin d’éviter le renversement de régimes à répétition. Pour cela, le temps nécessaire doit être accordé à la Transition pour achever son vaste chantier de restauration de la sécurité et de lutte contre la corruption et l’impunité qui sont à la base de la déliquescence de l’Etat.
En faisant de la sécurité, la justice, la refondation son cheval de bataille, dans son Plan d’Action du Gouvernement, le Premier ministre s’inscrit d’ailleurs dans le sillage de la vision du Chef de l’Etat pour redresser le pays, asseoir les bases de la Refondation, prendre en charge les aspirations profondes du peuple au changement en vue de réaliser le développement économique, social et culturel. Un combat noble qui demande l’adhésion de chaque citoyen soucieux d’un vrai Mali retrouvé.
Alassane Cissouma