La crise politique née de la contestation des résultats définitifs de la Cour constitutionnelle, prend une dimension inquiétante. En témoigne la violence qui a émaillé le rassemblement de vendredi dernier. On devrait parler d’insurrection dans la mesure où quelques jours avant la tenue de la manifestation, des leaders du M5-RFP ont appelé vainement à occuper les édifices publics.
Mieux, certains ont même laissé entendre ne plus reconnaitre Ibrahim Boubacar Kéita comme président de la République. Au rassemblement du 10 juillet 2020, tout à tour au pupitre, des responsables du mouvement ont demandé aux manifestants de prendre le contrôle des services publics.
Séance tenante, certains ont voulu se rendre à la Cité administrative, d’autres ont pris la direction de l’ORTM et ont pu franchir le portail alors qu’au même moment, une vague s’emparait de l’Assemblée nationale.
Les dégâts sont énormes et on dénombre des morts. Pour ne rien arranger à la situation, des biens privés ont été attaqués et des barricades érigées presque dans toute la capitale.
Des échauffourées entre forces de l’ordre et pillards ont eu lieu en maints endroits de Bamako. Pour calmer la tension, l’autorité morale du mouvement de contestation, l’imam Mahmoud Dicko était obligé de lancer un appel au calme et à la retenue. Certains diront qu’il est dans son rôle même s’il a été un acteur de premier plan de la contestation.
C’est grâce à lui que le meeting du 19 juin n’avait pas dégénéré alors que bon nombre de leaders du M5 voulaient diriger la foule sur le palais de Koulouba. Depuis, il s’est engagé dans la médiation et ses rencontres avec le chef de l’Etat ont eu pour effet l’abandon par moments de la principale revendication qui est sa démission du président de la République.
D’acteur principal, l’imam de Badalabougou est devenu le médiateur attitré de la crise puisqu’il est le seul personnage qui a la possibilité de discuter directement avec le chef de l’Etat tout en faisant entendre raison aux frondeurs du M5. Combien de temps pourrait-il continuer à jouer ce rôle ? On peut d’ores et déjà avouer que le message d’accalmie qu’il a prôné dimanche peut être gage d’apaisement pour la suite.
A. M. C.
Source: L’Observatoire