L’hôtel Flandre de Sévaré a servi de cadre les 13 et 14 novembre dernier, à la tenue d’un atelier de formation des magistrats, des enquêteurs (OPJ et APJ), des auxiliaires de justice et les travailleurs sociaux sur la traite des personnes et les pratiques assimilées. Financée sur le budget national, cette importante rencontre a été organisée par le ministère de la Justice, Garde des sceaux et le comité national de coordination de lutte contre la traite des personnes et les pratiques assimilées, en partenariat avec l’ONG Enda-Mali.
L’ouverture des travaux était présidée par le directeur de cabinet du gouverneur, Boucari Koïta. C’était en présence du président du comité national de coordination de lutte contre la traite des personnes et les pratiques assimilées, Boubacar Touré représentant le ministre de la Justice, du directeur exécutif d’Enda-Mali, Soumana Coulibaly, le procureur général près la cour d’appel de Mopti, Mohamed Maould Najim et les acteurs de la lutte contre ce phénomène dans les Régions de Gao, Tombouctou, Kidal et Mopti.
L’objectif général de cet atelier de 2 jours était de renforcer les capacités du personnel judiciaire et des travailleurs sociaux du ressort de la cour d’appel de Mopti sur la traite des personnes et le trafic illicite des migrants afin d’assurer une pleine efficacité dans les actions de lutte contre le phénomène.
A l’instar des autres pays de la sous-région, le Mali n’est pas en reste des crimes de la traite des êtres humains, dont la pauvreté, le chômage, l’absence d’éducation et l’accès difficile aux ressources constituent les causes sous-jacentes. Depuis 2010, le Mali s’est engagé dans la lutte contre ce drame à travers plusieurs initiatives.
Ainsi, au-delà de la ratification des instruments juridiques internationaux et les accords bilatéraux, le gouvernement du Mali a adopté le 3 février 2011 le décret n°2011-036/PM-RM portant création du comité national de coordination de la lutte contre la traite des personnes et les pratiques assimilées et voté la loi n°2012-023 du 12 juillet 2012 relative à la lutte contre la traite des personnes et les pratiques assimilées.
Dans son intervention, le directeur exécutif d’Enda Mali a expliqué que la traite des personnes expose les enfants à la violence, à la maltraitance sexuelle et l’infection par le VIH et enfreint leur droit d’être protégé, de grandir dans un cadre familial et d’avoir accès à l’éducation. Selon lui, l’élimination du trafic des personnes requiert le renforcement de la coopération internationale, régionale et nationale, ainsi que la remédiation des causes profondes du problème, à savoir l’extrême pauvreté, la discrimination, l’exclusion et la violence.
Pour ce faire, Enda Mali accompagne les efforts du gouvernement par la mise en œuvre de projets et programme de lutte contre le travail des enfants, notamment le réseau Afrique de l’ouest pour la protection des enfants (RAO) dont Enda assure le point focal et l’animation au Mali.
Il y a aussi le programme multi acteurs de lutte contre le travail par l’approche zone libre de tout travail des enfants lancé en 2014 en partenariat avec la campagne mondiale « Stop au travail des enfants, l’école est le seul lieu de travail des enfants ».
Pour sa part, le procureur général près la cour d’appel de Mopti s’est réjoui de la tenue de cette rencontre de renforcement de capacités et d’appropriation des instruments juridiques sur la traite des personnes en vue de leur application effective et efficace dans sa juridiction.
Quant au président du comité, Boubacar Touré, il a estimé que cet atelier, au regard de l’ampleur et de la complexité du phénomène, est d’une importance capitale pour que le Comité et le pays puissent occuper un bon rang dans la mise en œuvre des lois, des différents instruments ratifiés et signés.
Le représentant du gouverneur a saisi l’occasion pour appeler d’autres contributeurs à appuyer la région qui, à cause de sa position géographique demeure une plaque tournante du réseau de malfaiteurs. Il a félicité les initiateurs et le partenaire Enda pour son accompagnement avant d’exhorter les participants à des échanges riches et sincères.
Dans une zone de transit de migrants par excellence comme Mopti, les forums du genre sont des écoles qu’il faut multiplier pour informer davantage les acteurs en charge de l’application de la loi, s’est réjoui Amadou Kali Diallo, président du tribunal des enfants de Mopti. Il est temps que l’Afrique tropicalise ses lois en tenant compte de ses réalités socio-culturelles, a ajouté M. Diallo avant d’appeler les législateurs à requérir l’avis des spécialistes sur les textes avant leur vote. Le droit des victimes d’infractions, les moyens et le rôle du juge protecteur doivent être lisibles dans les textes, a-t-il enfin souhaité.
Dramane
COULIBALY
AMAP-Mopti
Source: Essor