Alertés par de nombreux usagers, suite aux calvaires auxquels les parents des malades sont soumis durant toute une journée pour se procurer d’une poche de sang au niveau du Centre National de Transmission Sanguine, encore appelé » Banque de Sang « , nous nous sommes rendus sur les lieux pour en savoir davantage.
En effet, il y a une succession de procédures à faire pour se procurer du sang (Présentation à l’unique caisse occupée par des agents pour le payement des tests de compatibilité et de groupage, accueil pour l’enregistrement et le prélèvement du sang, la sélection médicale, distribution collective du sang aux usagers). Au niveau de chaque étape, les usagers observent des heures de rang en vue d’obtenir une poche.
Selon le témoignage d’un usager, Mamadou Camara, qui considère que c’est un « manque de sérieux notoire » au CNTS. Les parents des malades pour se procurer une seule poche de sang subissent toute une journée de calvaire et, encore, la satisfaction n’est pas garantie pour tous les nécessiteux, par la faute de la lenteur des agents, du manque de communication, du non-respect des valeurs et principes du service public. En outre, cet usager a dénoncé le manque de rigueur de l’administration du CNTS à recadrer ou à punir certains agents, connus pour leur arrogance à l’endroit des usagers, surtout à l’étape du prélèvement. Ce témoin oculaire invite les plus hautes autorités à prendre au sérieux cette affaire de sang, car il y a trop de mécontents et d’insatisfaits, suite aux mauvais comportements de certains personnels « insouciants, irrespectueux, irresponsables « , oublieux de la déontologie de la profession médicale.
Un parent d’un malade nous affirme que : » Nous sommes présents à la banque de sang de 9 h à 15 h, mon besoin était de trois poches, dont la première poche ne me sera livrée que demain vendredi et aucun pendant le weekend. Et le reste sera livré lundi et mardi, à 14 heures. Pour cela, il faut encore se présenter à l’unique caisse pour payer, une fois de plus, 5 000 F CFA, où le personnel ne travaille qu’à pas de caméléon. Toute chose qui indique que, même si votre malade décède pendant le weekend, pour manque de sang, cela n’est pas leur affaire, a-t-il décrié « .
De son côté, le juriste Modibo Camara, un autre donneur du sang, de souligner que la procédure pour se procurer du sang décourage. » Les gens ont beaucoup de préoccupations dans la journée. Si les autorités arrivent à moderniser la gestion du centre, ça sera mieux. Il y a trop d’attentes, alors que nous donnons volontairement du sang pour faire profiter des nécessiteux « , a-t-il fait savoir.
Alou Tidiane Sangaré, un donneur de sang pour sa grande sœur malade a, lui aussi, décrié la lenteur des agents, alors que les gens ont d’autres occupations. Les autorités doivent décentraliser ce service. Cela va permettre de réduire les affluences en un seul lieu.
Le président national de l’Association des Jeunes Donneurs Volontaires de Sang (AJDVS), Diatourou Diakité, dira que chaque trimestre, sa structure organise une collecte du sang au Centre de Santé Chérifla, destinée au CNTS. Il a précisé que, dimanche dernier, ils ont procédé à leur 10è don, ayant fait 111 poches. Pour le don du sang, on est souvent buté au problème de réacteur, a-t-il regretté.
» La lenteur n’incombe pas à nous seuls »
Approché par nos soins, le Directeur du CNTS, Pr. Alassane Ba indiquera que le CNTS a été construit pour 5 000 dons. En 2021, environ 57.000 dons ont été collectés pour arrondir à 60.000 dons. Et cette année, nous allons au-delà. Nous aurons ainsi 70.000 ou 80.000 dons. Donc, on ne répond plus aux normes qualité, de sécurité et de confidentialité.
Il a souligné que les locaux sont exigus. » Pour la sécurité des malades, nous voudrons donner des poches compatibilisées pour les malades qui attendent cette transfusion. Après, il y a la compensation. Il n’y a environ que 20% des donneurs qui sont bénévoles volontaires. Tous les autres viennent pour compenser, a-t-il indiqué. Même si l’on a un afflux de donneurs bénévoles volontaires, on ne peut pas les contenir ici. C’est pourquoi, une bonne partie de nos collectes s’effectue à travers les collectes mobiles. Nous sortons pour aller prendre du sang ».
« Nous sommes confrontés à l’exigüité des locaux et aux problèmes d’effectifs pour assurer la prise en charge rapide des activités de transfusion et d’équipement. Tout est vieux ici. Nous ne voulons pas que les gens y passent tout leur temps. Normalement, le circuit de don de sang ne doit pas dépasser 15 minutes (sélection médicale, prélèvement, collation) « , a-t-il argué. Et de poursuivre que » c’est une obligation, il faut qu’on puisse compatibiliser les malades. Et cette compatibilité est payante (3 000 F CFA). Aussi, nous reprenons le groupage sanguin. Puisqu’on se rend compte, aujourd’hui, qu’il y a toujours des erreurs de groupes. C’est pour éviter ces erreurs que nous faisons passer les gens pour la compatibilité avant le circuit du don « .
Il appelle ainsi les usagers à la patience : » Nous faisons notre mieux pour satisfaire les demandes mais cette lenteur n’incombe pas à nous seuls « . Tout en précisant que les autorités ont promis de procéder à la réhabilitation et à l’extension du Centre. Déjà, de nouveaux groupes électrogènes ont été reçus. » Nous allons toujours continuer d’alerter les autorités pour le renforcement du centre « .
Quant à Anassa Traoré, Chef Service communication et mobilisation sociale du CNTS, il a relevé que le nombre de donneurs par compensation est de 78% et le nombre de dons volontaires est de 22%. Donc, la demande est plus forte par rapport à l’offre. Ajoutant que, pour les cas d’urgence, le sang est délivré d’urgence, tandis que pour ceux des interventions programmées, une poche par jour est délivrée pour un malade et cela à partir de 14 heures.
Falé COULIBALY
Source: l’Indépendant