Dans le cadre de la vulgarisation du Programme d’Action du Gouvernement de Transition, le Premier ministre K. Maiga vient de boucler une série de visites à l’intérieur du pays. La délégation qu’il a conduite s’est rendue successivement à Bougouni, Sikasso et Ségou.
Partout, le Premier ministre s’est confondu à la population avec laquelle, des échanges ont été faits. Ils ont permis certainement au Premier ministre de réaliser l’ampleur et la diversité des préoccupations qui accablent des concitoyens de l’intérieur.
Ce fût l’occasion de se rendre à l’évidence que ces démarches du Premier ministre en soi sont salutaires mais peuvent être schématisées sous la formule : la charrue avant les bœufs.
C’est-à-dire que, il aurait dû pendant la période (6 semaines) d’élaboration du PAG se frotter aux problèmes réels des maliens et entendre ces derniers sur leurs territoires respectifs pour mieux savoir de leur vision de la Transition afin d’en tenir au mieux avant la soumission de ce document stratégique devant le Conseil National de Transition.
Il est clair que le PAG est l’émanation des populations dès lors que par principe son initiation et sa mise en œuvre visent à soulager celles-ci. En plus, il est adopté par la représentation nationale dont le rôle est joué par le CNT pour cette transition. Alors, les populations ne peuvent que s’identifier au PAG et après le quitus de l’organe requis à cet effet, il n’y a que l’exécution.
Ce qui amène à dire la tournée du Premier ministre en plus d’être l’évidente expression de la charrue avant les bœufs, cache un agenda. Lequel ?
Le Programme d’Action présenté devant le CNT est à tous les points de vue ambitieux et par conséquent difficile à mettre en œuvre en un temps relativement court. Le délai de la Transition tire vers sa fin. Le Mali fait face désormais à une situation complexe. D’un côté, il y a un ensemble d’activités à mettre en œuvre sur une courte période pour ce qui reste et de l’autre, il y a l’exigence du respect du délai de la transition qui laisse penser que tout ce qui a été prévu risque de ne pas être réalisé.
Par ailleurs, la crise de confiance fondée sur les incohérences dans l’approche du gouvernement de transition et l’absence d’actes concrets en faveur d’une refondation qui n’existe que sur les lèvres, plonge de nombreux acteurs sociopolitiques dans un doute grandissant sur la bonne foi et les compétences des autorités actuelles de transition à réussir le pari de la refondation.
Malgré tout, elles œuvrent dans le sens d’une perspective de prorogation de la durée de la transition. Après des appels à repousser le délai, les promesses officielles sur son respect se font entendre de moins en moins. Le discours à la Nation du Président de la Transition Colonel Assimi Goïta à l’occasion du 1eanniversaire après le coup d’État du 18 Août 2020 a omis tous ces enjeux comme pour sous-entendre conformément aux propos de son Premier ministre lors d’un débat à la télévision nationale que le délai n’est pas la préoccupation majeure et l’organisation de bonnes élections est ce sur quoi, il faut s’atteler en se donnant le temps de passer par des mesures qui les garantiront. Ce qui est lamentablement contraire à une déclaration datant du 06 mai 2021 de l’ex Président du comité stratégique du M5 RFP et actuel PM, Choguel K. Maiga au sortir d’une audience avec l’ancien Président de la Transition, ci-après : « or pour nous, cette transition doit durer 18 mois, pas plus, et les missions et tâches qui ne seront pas exécutées dans ce laps de temps devraient être transférées à des équipes plus légitimes et plus compétentes »
Aujourd’hui, ce qui se trame sous les yeux des maliens dont l’une des parfaites illustrations est la tournée du Premier ministre, c’est de dire que nous voulons transformer le Mali en un pays conforme à vos rêves. Cependant, nous ne disposons pas de temps suffisant pour ce faire.
Alors, soyez prêts à nous accorder votre quitus pour poursuivre la dynamique d’une refondation bâtie sur l’illusion, la supercherie, le ‘’pouvoirisme’’ bref un plan de diversion collective au détriment des réels enjeux et actions à initier pour tirer un pays de l’ornière où il a trop souffert par le manque d’amour de ses propres enfants qui, à tort, se plaisent désormais à travailler pour leur propre prospérité.
Ousmane DAO,
Source : Midi Info