Plus de 16.000 personnes bénéficieront de l’électricité dans le pays bwatun et le centre de formation professionnelle améliore les perspectives d’emploi
Tominian a mis le paquet hier pour accueillir le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, en tournée dans la région de Ségou depuis le début de la semaine. Pour honorer son illustre hôte, le pays « bwatun » a sorti ce qu’il a de meilleur : de magnifiques troupes artistiques, des chevaux joliment harnachés et des hôtesses dans de superbes tenues traditionnelles.
Cette quatrième journée du périple présidentiel a été marquée par trois activités majeures. En commençant par l’inauguration d’une centrale hybride solaire/diesel à Tominian au grand bonheur de 16.000 habitants d’une trentaine de villages.
Arrivé à 9 heures 30, le chef de l’Etat a visité la centrale flambant neuf sous les acclamations d’une foule nombreuse. Le maire de la commune, Néma Théra, a remercié le président de la République avant de se réjouir que les habitants ne vivront plus dans l’obscurité. L’édile a ajouté que la construction de la route qui relie Tominian au Burkina Faso voisin, la construction des logements sociaux et bien d’autres activités constituent de réels motifs de satisfaction.
Seidina Oumar Ouegalo, qui représentait le pool bancaire composé de la Banque pour le commerce et l’industrie (BCI) et la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), a salué la clairvoyance des autorités qui ont vite compris que le solaire représente la solution du futur. La particularité de la centrale installée à Tominian est qu’elle représente le résultat d’un mariage heureux entre le diesel et le solaire. Dans la grande cour aménagée, le président Keïta a coupé le ruban symbolique pour accéder aux équipements installés.
Le générateur solaire est constitué de modules solaires photovoltaïques à très haut rendement avec une durée moyenne de vie de 30 ans. Juste à côté sont disposés des coffrets de champ et des structures métalliques. Dans le bâtiment d’à côté, des batteries, des onduleurs et un groupe électrogène assurent la production d’électricité qui tire la ville et les villages environnants de l’obscurité. Le tout est coordonné par un système moderne de contrôle et de supervision de la bonne distribution. Ici, grâce à la centrale hybride, le client ne payera que 40 Fcfa pour le kw/heure, soit une réduction de 77% par rapport aux tarifs usuels.
SOURCE DE VIE ET DE SÉCURITÉ. Le ministre de l’Energie et de l’Eau, Mamadou Frankaly Kéita, a mis en avant ces avantages comparatifs pour justifier la nouvelle politique gouvernementale en matière de promotion des énergies renouvelables. Les travaux ont coûté 2 milliards de Fcfa hors taxes, a précisé le ministre Kéita, pour qui cette centrale augmentera la qualité de vie des populations. Il a ensuite a invité les bénéficiaires à protéger les installations et à s’acquitter de leurs factures.
« Journée historique dédiée aux droits de l’homme et chez nous, journée de l’EID. C’est tout un symbole », a indiqué le président de la République à l’entame de son propos. « La lumière est source de vie et source de sécurité. Nul doute, elle offre le confort du quotidien et la sécurisation alimentaire. Sans énergie, tout projet de petite et moyenne entreprise est vain», a-t-il déclaré pour souligner à quel point l’énergie est essentielle à la vie.
Parlant de l’entreprise malienne ZED-SA qui a réalisé la centrale hybride, le chef de l’Etat a exprimé sa satisfaction de voir une société malienne capable d’accomplir une telle prouesse, dans l’observation des délais impartis et surtout dans le respect total du cahier de charges. « Il n’y a aucune raison que vous n’ayez pas accès aux marchés les plus importants de ce pays », a estimé le chef de l’Etat qui a félicité EDM-SA et tous les partenaires impliqués. Pour conclure l’appel de Tominian, le président de la République a invité les responsables concernés à continuer à distribuer l’électricité « progressivement et massivement » à toutes les populations du Mali.
Pour le chef de l’Etat, « le bonheur est donc absolu ». Il s’est engagé à faire en sorte que partout, les populations disposent de l’électricité. « Soyons enfin contemporains du 21e siècle en qualité et en exigence. Abandonnons la médiocrité », a-t-il exhorté. Cette exigence de qualité vaut aussi pour les logements sociaux. « Il faut des logements dignes des familles maliennes », quitte à réduire le quota « Cela nous coûtera ce que cela nous coûtera, mais nous le ferons », a enchainé l’orateur.
Le chef de l’Etat est revenu à la charge avec son plaidoyer pour le climat. Il a souligné à ce propos la nécessité d’adapter l’agriculture aux nouvelles exigences du moment. Pour le président de la République, l’agriculture est une chance pour notre pays et nous devons tout faire pour la développer. C’est pourquoi, rappellera-t-il, 15% du budget d’Etat sont consacrés à ce domaine stratégique et vital. Il a réitéré sa satisfaction après la visite des ateliers d’équipements agricoles qui confectionnent des outils à la demande. « C’est un bonheur », a-t-il répété.
Parlant du Niger, le chef de l’Etat a renouvelé ses avertissements. « Si nous n’y prenons pas garde, le fleuve risque de devenir un souvenir », a-t-il prévenu. Les solutions pour éviter cette catastrophe existent. Il suffit d’y travailler en construisant notamment un barrage à Taoussa. En plus, il faut curer, draguer pour permettre une plus grande navigabilité. « A la COP21, nous avons fait un plaidoyer pour le fleuve Niger avec la complicité amicale de François Hollande. Et nous avons eu des promesses de financements», a rappelé Ibrahim Boubacar Keita qui a exhorté nos concitoyens à compter d’abord sur eux-mêmes.
TROIS GROUPES CATERPILLAR. Avant de quitter Tominian, le président Keita a procédé à l’inauguration d’un centre de formation professionnelle qui fournira des techniciens en construction métallique, maçonnerie, carrelage, plomberie sanitaire, électricité bâtiment, mécanique auto, coupe couture et peinture bâtiment. L’établissement a été financé par le Luxemburg pour environ 250 millions de Fcfa. Plus de 125 apprenants prennent gratuitement des cours théoriques et pratiques depuis deux ans pour des cycles variant de 6 à 14 mois. Le centre de formation est composé de huit ateliers, d’un bloc administratif, d’un logement pour gardien, de deux blocs de latrines.
Après avoir coupé le ruban symbolique, le président Keita a formulé le vœu que ce type d’établissement soit créé dans beaucoup de localités pour doter notre pays d’ouvriers compétents travaillant avec des équipements de pointe. Dans une salle, une apprenante, Ma Diarra, 34 ans, était installée derrière sa machine à coudre. « Il vaut mieux venir apprendre un métier que de rester à la maison à croiser les bras. Les temps ont changé. De nos jours, un époux ne peut pas tout faire à la maison. Il a besoin d’aide. Or, on ne peut l’aider que lorsqu’on a un métier », a-t-elle confié, entourée de ses condisciples.
Comme Ma Diarra, l’apprenti carreleur Némougou Diarra s’est inscrit au centre de formation pour apprendre un métier. Il a choisi celui de maçon pour améliorer ses conditions de vie et aider ses parents. « Je suis le soutien de ma famille », fera-t-il savoir. Le président Keita a pu voir à l’œuvre les apprentis ouvriers, qui dans quelques mois pourront voler de leurs propres ailes à la conquête des marchés des BTP. Le ministre en charge de la formation professionnelle, Mahamane Baby, n’a pas caché sa satisfaction et compte persévérer dans la stratégie de multiplier les opportunités de formation.
Sur le chemin du retour, la délégation présidentielle s’est arrêtée à San où le chef de l’Etat a posé la première pierre du Centre d’autopromotion des femmes et inauguré une autre centrale électrique qui vient renforcer les capacités de production locale. Cette centrale est composée de trois groupes Caterpillar d’une puissance totale de 5,1 Mw pour un coût de près de 3 milliards de Fcfa financé par la CEDEAO et EDM-SA.
Aujourd’hui, avant-dernier jour de la tournée, Ibrahim Boubacar Keita a rendez-vous au camp Cheickou Tall de Ségou avec les militaires juste après la grande prière. Samedi, avant de regagner la capitale après une semaine d’immersion dans le pays profond, il fera don de tricycles à des handicapés de Ségou et bouclera la boucle avec deux conférences. La première avec les cadres de la région et la seconde avec la presse.
M. CISSÉ et O. DIOP
Envoyés spéciaux
source : Essor