Des tas de bouses exposés partout, de même que des bassins de sangs et des légions de mouches laissant circuler un vent irrespirable à Madougou, dans la région de Tombouctou. Dans la ville des 333 saints(Tombouctou), tous les animaux consommés proviennent de cet endroit. Mais il suffit de faire juste un tour sur le lieu pour se rendre compte que la vie de ces milliers de consommateurs de bœufs se trouve en danger. Parce que ces habitants consomment des animaux abattus dans des conditions contraires aux normes hygiéniques. En lieu et place d’un abattoir, les animaux accrochés au sol, et d’autres à des troncs d’arbres sont abattus dans un espace à ciel ouvert. Face à cette pratique, les responsables de l’association des consommateurs maintiennent avoir alerté les services et acteurs impliqués dans le domaine sans succès. Interrogé sur la question, Baba Moulaye, non moins président de l’association des consommateurs rapporte avoir entrepris des démarches fatigué sans suite. « Depuis 2009-2010, nous avons entrepris des actions avec les services vétérinaires, la police et la marie par rapport aux conditions sanitaires. Mais malheureusement, nous sommes confrontés à l’indiscipline des bouchers », a-t-il indiqué à nos confrères de « Mikado FM ».Suivant des témoignages, ces conditions d’hygiènes délétères sont pourtant connues par les services vétérinaires de la ville. Mais pourquoi ces acteurs censés tirer la sonnette d’alerte se taisent sur la problématique ? Ont-ils dénoncé la situation en vain, ou estiment-ils que le problème n’est pas assez préoccupant ? En tout état de cause, une source sous couvert d’anonymat a été claire : « En réalité, l’abattage qui se fait ici ne répond pas aux normes qu’on a dit pour la santé de la population. Nous faisons l’inspection, mais la question reste posée en ce qui concerne l’hygiène ».Franchement, ajoute un autre, c’est un abattoir à ciel ouvert qui implique l’hygiène. « Je pense qu’on doit vraiment revoir la position de cet espace. Il y a des constructions et des familles qui se trouvent autour de l’endroit qui pollue le vent », précise le deuxième témoin. Les bouchers, quant à eux, soutiennent avoir entrepris plusieurs démarches pour pouvoir avoir un abattoir digne de ce nom, mais en vain. Amaody Baby, président de la coopérative des bouchers de Tombouctou l’a dit, lorsqu’il a été interrogé par Mikado FM : « Nous n’avons pas le choix, puisqu’on ne nous a pas montré un abattoir pour ce travail. Qu’on nous le montre seulement. Nous, on ne considère pas cet espace comme un abattoir, on l’appelle lieu d’abattage. On a fait beaucoup de démarches, on nous a montré un terrain vide destiné aux abattages. Mais à présent, déplore-t-il, rien n’est fait ».Ce qui sous-entend que les bouchers se voient obligés de poursuivre leurs abattages de la sorte, jusqu’à ce que les autorités chargées du secteur songent au changement radical du système. Mais d’ici là, les populations doivent-elles continuer à se faire nourrir par des viandes pouvant être source de maladie ? En tout cas, les autorités sont interpellées face à la problématique, puisque les témoignages recueillis montrent que la solution est loin d’être trouvée en ce moment.
Mamadou Diarra
Source: Le Pays