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Tombouctou, la ville sainte : Place à la désacralisation des cimetières et mosquées

IBK, l’AS de l’UA pour la Culture, interpellé !

Avez-vous déjà entendu parler de Tombouctou ? La réponse est certainement positive parce que Tombouctou est une ville cosmopolite, multiséculaire, fondée au 12èmesiècle.  Elle connut un essor particulier aux 13 et 14èmes siècles, avant son apogée au 16ème siècle. On peut continuer à parler de Tombouctou, dans tous les domaines de l’histoire, de la religion, de la culture, de la mathématique, de l’astrologie, de la gastronomie, de l’anthropologie, des manuscrits… sans épuiser totalement le sujet.

Tombouctou, la Cité des 333 saints, est surtout connue comme étant une ville musulmane, un haut lieu de connaissances avec l’Université de Sankoré, un lieu du donner et du recevoir, avec ses grands savants comme Ahmed Baba, Mohamed Bagayogo, Mahamoud Kati…

Tombouctou est aussi une ville mystérieuse avec El Farouk, le Cavalier blanc, protecteur de la ville, qui veille nuitamment sur la cité, les populations et leurs biens. S’y ajoutent les secrets des rues tortueuses, des rues endiablées, la légende de « Bitibatouma », « Fatouma Arafa à la Habouza » pour penser au poète Tandina.

Tombouctou est également une ville touristique avec l’explorateur français René Caillé, l’allemand Heinrich Barth, l’anglais Gordon Laing, sans oublier les trois grandes mosquées de la ville (Sankoré, Djingareïber, Badjindé), classées patrimoine mondiale de l’UNESCO.

Tombouctou, c’est aussi des us et coutumes avec des beaux et charmants citoyens, un humanisme à nul autre pareil, une solidarité agissante, le tout soutenu par la crainte de Dieu.

Ce Tombouctou-là est en train de disparaitre, de mourir à petit feu, au vu et au su des habitants qui observent naïvement la perte des valeurs, celles de l’humanisme, sans évoquer les autres, non moins reluisantes également.

Dans ce Tombouctou-là, les cimetières sont désacralisés, avec des boutiques, des garages, des dibiteries érigés tout autour, sinon dedans. Les vendeurs et acheteurs de viande côtoient les morts dans leurs dernières demeures.

La dernière trouvaille, incompréhensible, révoltante, aberrante,  est la construction d’une fosse septique dans l’enceinte d’un cimetière. Ce voisin des morts, qui n’a aucun respect, aucun égard pour ceux qui sont partis, a osé ériger sa construction sur les morts.

Les mosquées sont également envahies, des garages par-ci, des vendeurs par-là, des enfants y entrent et sortent comme dans une porcherie. Elles sont devenues des grin-grins, en lieu et place de l’enseignement du Coran et des Hadis. Les règles d’observation sont méprisées. Place à « l’indécence, à l’insouciance, à l’inconvenance », pour reprendre les propos de Sane Alpha Saloum, un notable de la ville, qui cite Amadou Kourouma dans « les Soleils des Indépendances » : « les choses qui ne peuvent être dites ne méritent pas de nom ».

Les nombreuses dénonciations n’ont jusque-là servi à rien parce que la municipalité semble être indifférente. La mission culturelle a beau attirer l’attention des autorités régionales et municipales. En vain.

Les moyens modernes de communication, tels que WhatsApp, Facebook, Tweeter, utilisés par le même Sane Alpha Saloum, un intellectuel, homme de lettres, homme de culture, chercheur, citoyen engagé, pour sensibiliser les uns et les autres, tardent à apporter le résultat escompté. Certains se moquent de lui, en disant que son combat relève d’une peine perdue !

Une activiste, connue sous le nom de « TunbutuWoy » (la femme tombouctienne), se bat aussi tous les jours sur les réseaux sociaux pour dénoncer cette désacralisation des cimetières et mosquées.

Les autorités coutumières, ulémas et imams, jouent aux spectateurs, sans applaudir. Ils disent ne détenir aucun pouvoir, dans cette ère démocratique pour agir.

Maintenant que les autorités régionales se sont montrées incompétentes, Bamako est vivement interpellé pour arrêter cette insulte à l’humanité. En premier lieu, la ministre de la Culture qui doit défendre le patrimoine matériel et immatériel du pays. Le président IBK, l’As de la culture de l’UA est aussi interpellé pour remettre les pendules à l’heure, lui qui aime Tombouctou, qui montre toujours sa fierté d’être le président d’un pays où « nous fûmes !». A suivre.

El Hadj ChahanaTakiou

 

Source: 22 Septembre

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