Dans la Région de Tombouctou, l’hivernage tarde à démarrer. Pour cause, les premières pluies se font désirer. Seuls quelques paysans les plus téméraires ont entamé les travaux des pépinières et les labours des champs. Il fait encore et toujours chaud (pour rappel le reportage concerne la deuxième décade du mois de juillet) et pour cause la grande canicule est ressentie par les animaux de la faune comme les oiseaux et les reptiles.
Comme pour corser la situation, certains paysans nous ont fait remarquer la cherté de la vie ces derniers temps à cause de la pandémie du coronavirus aggravée par la crise sécuritaire. En proie à cette insécurité, les cultivateurs sont souvent dépossédés de leurs moyens de locomotion ou tout autre objet précieux. D’autres ne sont pas parvenus à payer la redevance eau de la campagne agricole précédente. Le démarrage de la campagne agricole est timide dans toutes les plaines de Tombouctou.
Le directeur régional de l’agriculture Idrissa Alpha Maïga reconnaît le démarrage difficile des travaux. Il justifie cette situation par le retard dans l’installation des pluies et de la crue sur l’ensemble de la région.
Comme autres raisons, il a évoqué le faible pouvoir d’achat des paysans du aux inondations enregistrées la campagne passée, le faible niveau de la subvention des engrais et autres intrants par l’état et ses partenaires, la flambée des prix des engrais sur les marchés. Malgré ces difficultés, le démarrage de la campagne se poursuit de façon assez satisfaisante par endroits dans la région. Les semis et les repiquages des cultures de décrue tirent pratiquement vers leur fin avec un niveau de réalisation jugé globalement moyen.
Pour la Région de Tombouctou, les prévisions de superficies des cultures céréalières pour cette année s’élèvent à 205.520 hectares pour une production attendue de 557.967 tonnes. Ces surfaces qui seront emblavées sont en hausse par rapport à celles de l’année passée. Au titre de la subvention des engrais, la région a reçu une dotation de 6.880 tonnes pour un besoin estimé à 19.680 tonnes. Cette quantité est jugée insuffisante par les différents acteurs.
Les appuis aussi apportés par les partenaires ne permettent pas d’améliorer significativement ce déficit. Le directeur régional a précisé que l’état et ses partenaires ont apporté des appuis aux producteurs. Ainsi 23 groupes motopompes de 3 cylindres ont été offerts par le Programme Mali Nord/Irrigation de proximité du delta intérieur (PMN/IPRODI), 39 tonnes de semencesriz ont été octroyées par le PROSAR, 12 tonnes de semencesriz par ADAZ, 4 tonnes de semencesriz par Islamic Relief, 0,8 tonne d’urée, 8.490 tonnes de NPK par l’état.
En plus des problèmes de sécurité récurrents connus pour les régions nord du pays, le directeur régional de l’agriculture Idrissa Alpha Maïga a souligné certaines difficultés comme le faible quota des engrais subventionnés octroyé à la région, le sous équipement des paysans, la vétusté d’un grand nombre des groupes motopompes, la présence des nuisibles (termites), la dégradation des ouvrages hydroagricoles, le manque de système de renouvellement des motopompes, la mauvaise qualité des semences utilisées, la dégradation des sols, l’ensablement du fleuve Niger.
Pour cette campagne, le directeur régional de l’agriculture a souhaité la poursuite et le plaidoyer pour une augmentation du quota d’engrais alloué à la région. Il a appelé les paysans à respecter le calendrier agricole, incité les producteurs à instaurer un système d’amortissement des moyens d’exhaure pour assurer leur renouvellement, encouragé la diffusion de nouvelles technologies agricoles (variétés performantes, Système de riziculture intensif (SRI), l’irrigation d’appoint, entre autres. Pour une bonne réussite de la campagne agricole, le directeur régional de l’agriculture a pris l’engagement que la direction ne ménagera aucun effort pour apporter toute l’expertise nécessaire afin d’aider les populations à atteindre leurs objectifs de production.
Moulaye SAYAH
Amap-Tombouctou
Source : L’ESSOR