Le bras de fer qui oppose Bokary Tréta à Moussa Timbiné en Commune V et par ricochet, pour le fauteuil de président de l’Assemblée Nationale, met au goût du jour un problème crucial du paysage politique malien, à savoir le conflit intergénérationnel entre les vieux et les jeunes. Pour ne pas dire, le refus des vieux de céder la place aux jeunes. Pour ce cas précis, il s’agit en terme clair d’une opposition brusque du président de Parti à l’émergence du président de la jeunesse de son parti.
L’exception confirmant la règle, notre volonté n’est pas d’accorder trop d’importance à ce cas qui concerne deux ‘’Tisserands’’ qui ont filé ensemble, des années durant, autant de bon que de mauvais coton. Mais surtout à tirer la sonnette d’alarme sur un phénomène qui va grandissant chez des individus (coiffés d’une casquette en paille de chef de parti) qui prennent librement du plaisir à tailler des croupières aux jeunes valables de leur formation politique. Cela à l’approche ou au lendemain de chaque échéance importante.
Au bas mot, en vue des prochaines législatives trois bons cas défraient la chronique.
Le premier, sort tellement de l’ordinaire qu’il est bien difficile de le comprendre, sinon le concevoir comme un scénario porteur. Le seul facteur en métaphore qui pourra servir de levier pour saisir son motif réel relève de la localité où il concerne, Bougouni. Comme un ‘’examen de Bougouni’’, le président du parti CDS, en vue des prochaines législatives a donné du fil à retordre à celui qui incarnait la seule image visible de son parti, Zoumana N’Tji Doumbia. Les uns et les autres peuvent opiner sur plusieurs raisons mais celle qui crève les yeux est unique : inadmissible d’admettre à un jeune de briguer deux mandats sous les couleurs du parti et au compte de son bastion électoral principal. C’est pourquoi sans anicroche le président du CDS a choisi de tenir la dragée haute à son jeune député sortant. Et le débat est clos.
Le deuxième cas ne surprend guère, car il s’agit tout simplement d’une musique qui fait danser dans notre pays. S’insurger contre quelqu’un tout simplement par ce qu’il est fils ou fille d’un tel. Cette fois-ci les marchands de cette pensée ont tenté de stéréotyper la candidature de Assiatou Diyé Traoré, au seul motif qu’il serait la fille de Dioncounda Traoré. Seulement ils ont manqué de courage pour dévoiler le vrai mobile de leur inimitié, sinon tout le monde sait que Dioncounda mérite plus qu’une simple relève prise par sa fille aussi bien au sein de l’Adema que pour le Mali. En un mot cette candidature de Assiatou Traoré dite ‘’Pithiou’’, leur dérange tout simplement par ce qu’elle est : jeune et femme de surcroit.
Le troisième cas qui met à nu cette haine viscérale de la vieille garde contre l’essor de la nouvelle génération provient du parti au pouvoir, le RPM en Commune V du district de Bamako entre Dr Tréta (président du parti) et Moussa Timbiné (président de la jeunesse du parti). Cette fois-ci le casting a été savamment monté pour la bailler belle à Moussa Timbiné. Que le seul pêché pourra être le fait de lorgner le fauteuil du président de l’Assemblée Nationale malgré son jeune âge. Et pour l’empêcher à gravir cet échelon, c’est le président du parti même, Dr Bokary Tréta qui est monté sur ses grands chevaux, histoire de se porter candidat pour la première fois après plus de 25 ans de présence sur la scène politique nationale, pas dans sa localité d’origine mais dans la même commune que le jeune Timbiné. Profitant de la popularité de Moussa Timbiné, le vieux briscard politique veut se faire élire avant de briser le rêve de ce dernier à vouloir tenir le perchoir. Le deuxième scénario consistera à mettre son titre de président du parti au pouvoir pour empaqueter les autres élus au nom d’une consigne de la direction du parti pour faire porter le président à la tête de la maison du Peuple. Et le troisième scénario n’est pas à écarter : rendre la vie difficile au président de la République afin de le fragiliser d’ici la fin de son mandat, histoire de lui faire payer ses maladresses à l’égard des Tisserands.
Donc pour éviter tout trouble politico interne au sein de sa formation politique, il revient au président IBK lui-même de mettre chacun à sa place. Tréta pour rester au gouvernail du parti doublé de son poste de PCA de la BMS et Timbiné pour imprimer sa jeunesse à l‘hémicycle, après le passage en demi-teinte du vieux Isac, cinq ans durant.
Cela ne sera que justice, car Moussa Timbiné au regard de ses efforts multidimensionnels sur tous les fronts, mérite d’hériter du perchoir. Et on dira qu’IBK n’est vraiment pas de l’engeance des ingrats.
Moustapha Diawara
Le SURSAUT