«Le Mali m’a adopté, je suis bien intégré, j’ai plus de liberté de mouvement ici qu’en Côte d’Ivoire. Je viens d’ouvrir un immeuble avec un studio d’enregistrement, une bibliothèque et une radio.»
Dénoncer la corruption
Farouche dénonciateur des régimes corrompus et des injustices sociales, celui qui aime se qualifier d’«Africain d’origine ivoirienne» persiste et signe, malgré la difficulté de se produire sur scène. Car les petits despotes locaux aiment lui mettre des bâtons dans les roues.
«Je chante la corruption et la mauvaise gouvernance. Ce sont des sujets qui ne doivent pas être abordés par un artiste africain, qui sont considérés comme des amuseurs publics. Moi, ma musique dénonce et ce n’est pas apprécié par les dirigeants. Du coup, les producteurs de spectacles ont du mal à m’inviter.»
C’est vers l’âge de 13 ans que Tiken Jah Fakoly a découvert la musique de son maître à penser, Bob Marley. Un événement qui a pris les allures d’un vrai coup de foudre artistique. L’annonce de son décès, en 1981, l’a complètement dévasté. Il en garde un vif souvenir. «C’est ma cousine qui me l’a appris après avoir entendu la nouvelle à la radio de France Inter. C’était le matin, vers 10h. J’ai pleuré toute la journée comme si j’avais perdu un membre de ma famille.»
Le réveil de l’Afrique
Malgré le passé douloureux du continent africain, le chanteur quinquagénaire nourrit un optimisme à tout crin pour la suite des choses, d’autant plus que les jeunes comptent pour une grande proportion de la population. Il compte sur l’alphabétisation et l’éducation pour redonner du lustre à des pays minés par des décennies de colonialisme.
À l’image du livre prophétique d’Alain Peyrefitte, Quand la Chine s’éveillera… le monde tremblera, Tiken Jah Fakoly voit aussi venir le jour où l’Afrique fera de même. «Je ne vois pas de raison d’être pessimiste. D’ici 50 ans, les choses vont évoluer. En 2050, nous serons deux milliards. Si la majorité sait lire et écrire, l’argent du pays sera difficilement détourné. Nous allons fixer les prix des matières premières dont l’Occident a besoin pour poursuivre son développement. Au lieu de nous entre-tuer, nous allons défendre nos droits. Nous serons à un autre niveau.»
Tiken Jah Fakoly sera en spectacle à L’Impérial, le 20 juin, à 20h.
Source: Le lesoleil.com