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Me Tidiani GUINDO, Président du parti Mali Dambé, à propos de son retrait de la présidentielle de 2013 : « Il était inutile de battre campagne…les jeux étaient déjà faits… »

Me Tidiani Guindo, Président du parti Mali Dambé et avocat à la Cour d’Appel de Paris, est également avocat de l’Ambassade du Mali en France.

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Candidat déclaré à la présidentielle de 2013, le dossier de candidature de Tidiani Guindo a été rejeté au dernier moment. Il nous explique le pourquoi de son retrait et nous parle aussi de son rôle dans l’accord qui a été signé entre les consulats du Mali en France et le Collectif « Mains Propres », qui avait assiégé entre décembre et janvier le Consulat du Mali à Paris suite à l’affaire dite des accords de réadmission.

 Vous êtes le Président du parti Mali Dambé. Comment se porte-t-il aujourd’hui ?

Je vous remercie de m’avoir posé cette question. Vous savez qu’un jeune parti a besoin d’être visible et de s’implanter. Ce travail n’est pas fait pour l’instant car notre parti qui est unique par ses idées et les valeurs qu’il porte sur la scène nationale a besoin de plus de temps pour grandir.

En effet, quand il s’agit de rassembler des gens sans conviction, juste pour impressionner en disant qu’il y a du monde, tout le monde peut le faire. Mais notre parti souhaite faire un travail basé sur des convictions fortes et sur le retour à nos valeurs morales, culturelles et de bonnes mœurs. Bref, toutes ces valeurs qui avaient fait de nous un peuple si respecté, si craint.

En 25 ans de démocratie, avec les mêmes acteurs politiques, nous avons démoli le socle même de nos valeurs sociétales. Dans ces conditions, nous aurons besoin d’un peu plus de temps pour faire de notre parti une grande formation politique qui véhicule une idéologie et non un parti créé à des fins purement électoralistes ou de promotion de carrière politique de ses dirigeants. Nous avançons, certes lentement, mais sûrement le parti Alliance Mali Dambe sera un des partis sur lesquels il faudra compter dans l’avenir. Nous sommes confiants.

Alors que vous aviez déclaré votre candidature pour la présidentielle de 2013, votre dossier avait été rejeté au dernier moment. Que s’était-il passé ?

La situation de 2013 était très particulière. Pour la première fois et de façon irrévocable un président était choisi avant les élections présidentielles. Les principales forces du pays, à savoir certaines organisations islamiques et la junte militaire, avaient décidé de façon consensuelle, que l’actuel président de la République, Son Excellence Monsieur Ibrahim Boubacar KEITA, serait le prochain locataire de Koulouba et le vote populaire est, par la suite, allé dans le même sens.

A partir de ce constat, il était inutile de battre campagne, car, selon ce qu’un officiel m’avait dit à l’époque, les jeux étaient déjà faits. La plupart des candidats s’en sont rendu compte finalement. A l’évidence, aucun d’entre nous ne pouvait battre le candidat IBK dans ces conditions. C’est pourquoi beaucoup se sont retirés et d’autres ont préféré rejoindre immédiatement l’équipe de campagne du candidat IBK pour jouir pouvoir du pouvoir avec lui plus tard.

Vous êtes basé en France où vous exercez la profession d’avocat d’affaires. Comment ça se passe pour vous ?

L’exercice de la profession d’avocat en France est extrêmement difficile. Nous sommes soumis à des contraintes qui n’existent pas au Mali. En plus des exigences purement professionnelles, notamment la formation continue, nous sommes soumis au paiement de plusieurs cotisations qui peuvent représenter plus de 40% de nos revenus. Certaines de ces cotisations servent à financer nos retraites et notre couverture sanitaire principalement. Pour vous dire que les barreaux français sont extrêmement bien organisés. Un avocat n’a pas le droit d’être médiocre dans un tel système car c’est sa connaissance du droit qui lui fera gagner ses procès.

Est-il possible qu’un jour Me Tidiane GUINDO rentre définitivement et exercer au Mali ?

En réalité, je n’ai jamais été loin du Mali. Je pense que les cadres maliens qui sont à l’extérieur connaissent mieux la situation du Mali que les Maliens restés à l’intérieur. Tout simplement parce qu’à l’extérieur, nous avons accès à des informations concernant le Mali que les autorités elles-mêmes peuvent ignorer. En plus, il faut reconnaitre que nous ne sommes plus confrontés à certaines difficultés quotidiennes qui empêchent beaucoup de nos compatriotes de prendre le temps de réfléchir sur la situation réelle du pays.

Nous autres quand nous sommes à l’extérieur, nous ne nous préoccupons que du Mali, matin, midi et soir. Nous dormons avec le Mali et nous nous réveillons avec le Mali en tête. Notre seule préoccupation c’est le Mali.

Personnellement, je suis fréquent au Mali dans le cadre de mes activités professionnelles. Donc, pour vous répondre, je dirai que je suis déjà au Mali.

En tant que juriste, économiste et politicien, comment jugez-vous l’état actuel du Mali ?

Vous savez ? Quelle que soit la situation politique d’un pays, si l’économie tourne bien avec des emplois à la clé, les citoyens pourraient accepter certaines dérives. Mais notre problème c’est que nous n’avons pas un système économique performant et productif capable de faire face à nos besoins en termes d’emplois ou de dotation en infrastructures. Nous devons nous atteler à la construction d’une vraie économie basée sur la production des biens et services et non une économie basée sur des recettes douanières ou fiscales ou la rente minière.

La production industrielle est essentielle pour améliorer la situation économique de n’importe quel pays au monde. Nous devons aussi développer le secteur privé car il peut être un élément central dans la création des richesses au niveau national.

En tant que spécialiste de l’économie du développement, je recommande au gouvernement de réfléchir à l’orientation économique de notre pays et sortir du système actuel. Pour moi, l’amélioration des conditions économiques du pays serait un palliatif aux tensions sociales qui peuvent menacer le régime politique.

Malien de la diaspora, vous êtes aussi l’avocat de l’Ambassade du Mali en France. A ce titre vous avez encadré la signature d’un accord entre les Maliens (du collectif Mains Propres, ndlr) de France et les Consulats du Mali dans ce pays en janvier dernier dans le cadre de l’affaire dite des accords de réadmission. Où en sommes-nous aujourd’hui ?

Sur ma propre initiative j’ai décidé d’intervenir dans ce conflit pour éviter une situation qui pouvait dégénérer à tout moment. Il fallait sauver l’image du Mali, rapprocher les points de vue des deux parties et surtout que tout cela puisse déboucher sur l’amélioration des services consulaires et soulager ainsi nos compatriotes confrontés à des difficultés administratives.

L’accord signé le 3 janvier 2017 et dont j’ai participé à la rédaction et aux négociations, devait renouer définitivement le dialogue permanent et nécessaire entre les autorités diplomatiques et consulaires et les usagers des consulats du Mali en France. Malheureusement, des blocages sont apparus au bout de quelques mois. Aujourd’hui, nous espérons une reprise du dialogue et de la concertation pour tourner définitivement la page de cette crise.

Propos recueillis par Boniface Dembélé

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