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TIC : le Mali ne joue-t-il pas aux apprentis sorciers ?

Selon le blogueur Wamseru A. Asama, si les TIC ont facilité notre quotidien, leurs conséquences sur nos sociétés n’en demeurent pas moins dignes d’être analysées.

 

Depuis quelques années, les gadgets des technologies de l’information et de la communication (TIC) ont envahi l’Afrique. Notre pays, le Mali, n’a pas été en marge de cette fièvre des TIC. Les Maliens, bien que majoritairement analphabètes, ont su s’adapter à ces TIC de façon étonnante. Cela fait que certains métiers, tel qu’écrivain public sont inconnus de beaucoup de jeunes d’aujourd’hui, et les opérateurs des postes et télécommunications n’existent pratiquement plus.

L’apparition des TIC a assurément facilité notre vie ordinaire et le monde est devenu, comme on dit, « un village planétaire ». Les informations du bout du monde sont connues presque instantanément. Aujourd’hui, avec de divers gadgets, toutes les manifestations, tous les événements, sont médiatisés et commercialisés. C’est ainsi qu’on a sur le marché, des CD, des cassettes et autres cartes de mémoires pour fixer les images et sons de tous les événements. Les prêches des nouveaux gourous religieux sont retransmis en direct ou en différé sur les chaînes de radios et télévisions. Ils sont enregistrés, filmés sur des téléphones mobiles et autres smartphones.

Matières à étudier

Les portraits de ces mêmes prêcheurs, cheikhs, soufis et autres gourous sont démultipliés et vendus sur des étals. A travers la ville, les taximen, les propriétaires de kiosques, de gargotes, de boutiques et même les vendeuses avec étals ou à la criée, de cacahuètes, de bananes, de couscous, fruits, fripes, écouteurs suspendus aux oreilles, mènent leurs activités, parfois au déplaisir de leurs clients, obligés quelque fois de vociférer ou de se répéter pour se faire comprendre.

Il y a de cela quelques années, c’était surtout de la musique que l’on écoutait ordinairement : les voix des divas de la chanson ou les rappeurs outre atlantique étaient les premiers choix. Aujourd’hui, les préférences vont aux cantiques à la gloire du Prophète de l’islam, de Jésus-Christ ou des prêches de tel ou tel maître. Nos universitaires ont là une multitude de matières à étudier : par exemple, l’impact économique de ces activités dérivées des manifestations religieuses, ou encore les impacts de ces messies, nouveau genre sur les comportements des maliens ?

Immixtion des TIC

Par ailleurs, les informations sont tellement libres et leur accès facile : un clic suffit pour accéder à un site, à une image. Les parents n’ont plus la capacité de contrôler la fréquentation de leurs progénitures. C’est dire que certains enfants sont mieux informés que leurs propres parents sur certains sujets « tabous ». Ainsi, ils ont accès à des films pornographiques ou à des scènes de violence, que leurs parents leur auraient interdit en temps normal. Comment gérer l’éducation de nos enfants avec l’immixtion de ces TIC dans la vie de nos foyers ? C’est aussi là des sujets d’études pour nos psychologues et sociologues.

Autre phénomène : les conversations entre individus se raréfient. En effet, même si on est dans une même salle, chacun est penché sur son mobile, sa tablette, ou autre smartphone, quelquefois avec des oreillettes. Plutôt que d’engager une conversation avec son voisin, on consulte Facebook, Instagram, WhatsApp ou autres applications. Ces pratiques ne vont-elles pas distendre les relations sociales, les relations entre individus ? A notre avis, ce sont là aussi des sujets qui méritent des recherches.

Ces instruments des TIC sont aussi malheureusement utilisés pour diffuser des discours de haine, d’exclusion, d’intolérance, des extrémistes de tout genre, ce qui peut conduire à fragiliser l’unité et la cohésion nationales.

Transfert de technologies

Enfin du point de vue économique, ces NTIC greffent les maigres budgets familiaux. Et, à l’échelle du pays, les dépenses consacrées à ces nouvelles technologies créent un déséquilibre budgétaire. Il est à remarquer que nos pays sont uniquement des consommateurs et risquent de le demeurer pendant longtemps. Car jusqu’ici aucun pays africain, à part le Rwanda tout récemment, n’a élaboré une stratégie d’appropriation de ces TIC. Ils n’ont aucune stratégie de transfert de technologies en vue d’installation des unités de production d’appareils et encore moins de la création d’instituts de recherche d’applications mieux adaptées à notre environnement, c’est-à-dire à nos réalités.

La révolution intervenue dans les communications et l’information, appelée encore révolution informatique, a certes conduit à faciliter la vie quotidienne de l’individu dans le monde et même dans les pays en voie de développement. Cependant ses impacts sur la société dans tous ses compartiments, devraient être analysés, scrutés. Sinon, on aura joué à l’apprenti sorcier, ce qui fragilisera davantage nos pays.

Source : benbere

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