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Terrorisme : le bâton, mais pas de carotte…

Confidences d’un chef d’État du continent, fin connaisseur de la France et de ses acteurs politiques, après les attentats de Paris : « François Hollande n’a pas réagi comme il aurait dû. Il n’a utilisé que le bâton, le discours martial, soulignant sa volonté d’éradiquer le terrorisme par tous les moyens, policiers et militaires, sur le territoire national comme en Syrie et en Irak. Il a oublié la carotte, comme, par exemple, un vrai plan Marshall dans les banlieues et les poches de pauvreté pour assécher ce terreau du terrorisme qu’est l’ »apartheid territorial, social et ethnique » décrit par son Premier ministre peu après les attentats des 7 et9 janvier. Tant qu’on ne se posera pas la question, à Paris comme ailleurs, de savoir pourquoi les internationales jihadistes recrutent aussi facilement, partout, des jeunes prêts à mourir kalach à la main ou une ceinture d’explosifs autour du torse, on ne réglera rien. »

Francois Hollande bateau porte-avions Charles-de-Gaulle

Constat lucide : depuis le lancement officiel de la « guerre contre le terrorisme », au lendemain du 11 septembre 2001, le mal n’a jamais été aussi prégnant et ses « troupes » aussi nombreuses et déterminées. Il suffit pour s’en convaincre de jeter un œil sur l’actualité. La « guerre contre le terrorisme », telle qu’elle a été menée, n’aura donc conduit qu’à aggraver le fléau. CQFD.

BCE a en tout cas, lui aussi, oublié l’autre volet, indispensable, de la lutte contre le terrorisme : s’attaquer aux racines du mal

Tunis, toujours fin novembre. Bis repetita : le discours du président Béji Caïd Essebsi (BCE) après l’attentat du 24 novembre contre un bus de la garde présidentielle est, à peu de chose près, un copier-coller de celui de François Hollande : la victoire contre la terreur n’est qu’au bout du fusil… Un mimétisme d’autant plus étonnant que, d’après nos informations, Tunis a décliné abruptement une proposition d’aide financière importante de Paris après les attentats du Bardo, estimant n’avoir besoin de personne pour éradiquer le terrorisme sur son sol, avec les résultats que l’on sait. Allez comprendre. BCE a en tout cas, lui aussi, oublié l’autre volet, indispensable, de la lutte contre le terrorisme : s’attaquer aux racines du mal, à savoir la misère et la désespérance, qui ont pourtant été les éléments déclencheurs de la révolution du 14 janvier 2011, du quartier Ettadhamen, dans la capitale, à Sidi Bouzid en passant par Kasserine.

Cinq ans après, les populations concernées n’ont toujours aucune autre perspective que le chômage et le sentiment humiliant de ne pas compter, de ne pas être des citoyens comme les autres. Là-bas, comme aux Mureaux ou à Clichy-sous-Bois, le fatalisme et la colère règnent en maîtres. Beaucoup n’attendent plus rien de leur pays, de leur État, de leurs dirigeants. Et sont des proies faciles pour les recruteurs de Daesh et des autres mouvements jihadistes, auxquels ils fournissent une part importante des contingents de « chair à canon » qui commettent des actes barbares fomentés ou dictés par des chefs dont le profil « socioprofessionnel » est, disons… différent. Ces jeunes révoltés deviennent trop vite, comme l’a écrit Jean Daniel, fascinés par la mort et exaltés par le meurtre.

Plus les Rafale français bombarderont Raqqa ou Mossoul, plus les apprentis kamikazes se bousculeront au portillon

Derniers arguments en défaveur de cette rhétorique exclusivement belliqueuse : Daesh, justement, n’attend que ça. Plus les Rafale français bombarderont Raqqaou Mossoul, plus les apprentis kamikazes se bousculeront au portillon. En outre, pour remporter une guerre, et pas seulement plastronner pour satisfaire son électorat ou se donner une contenance de vrai chef, il faut y être préparé, en avoir les moyens et l’habitude, comme, par exemple, les États-Unis, la Russie ou Israël – encore que les interventions militaires de ces derniers en terres étrangères n’aient pas toujours été, loin s’en faut, de francs succès. Or ni la France ni a fortiori la Tunisie n’ont jamais brillé en la matière. Elles ont cependant d’autres atouts, en tout cas supposés, mais, visiblement, elles n’envisagent pas de les mettre à profit. À tort.

Marwane Ben Yahmed

Source: Jeune Afrique

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