Avec les derniers développements qui parviennent du front anti-Boko Haram au Nigéria, Cameroun, Niger et Tchad, l’on est en droit de faire une pause et d’évaluer les chances que les objectifs d’extinction de la secte terroriste soient atteints. En effet, aussi bien le président Mahammadu Buhari que celui du Tchad, Idriss Deby Itno, avaient promis d’en finir avec le groupe ayant prêté allégeance à Daesh. Naturellement, à l’époque, certains avaient mis en garde contre un triomphalisme ne reposant sur aucun fondement consistant. Eh bien, aujourd’hui encore, le prudence doit être de mise. Certes, les forces armées nigérianes ont, ces derniers mois, fait montre d’un indéniable courage dans la traque des hommes d’Abubakar Shekau. Mais le réalisme et l’objectivité obligent à reconnaître que Boko Haram continue à nuire aux pays de la région.
La dernière victoire d’envergure que brandissent fort justement les soldats nigérians contre le Groupe Etat islamiste en Afrique de l’ouest, c’est la libération de 338 femmes et enfants que les terroristes retenaient en otage à la lisière de la forêt de Sambisa, leur repaire. Cette libération est le fruit d’un harcèlement acharné et téméraire contre les bastions de Boko Haram, jadis redoutés de ces mêmes soldats nigérians. Cela prouve que quelque chose a changé dans la direction des opérations. Et c’est le principal mérite à l’actif de Muhammadu Buhari. D’autant que cette nouvelle dynamique a déjà infligé d’autres revers d’importance à Boko Haram dont l’arrestation et la neutralisation de certains de ses éminents combattants ainsi que la saisie de nombreuses armes. La peur est sur le point de changer de camp. Ce qui n’est pas rien.
Cependant, on est encore loin de la victoire qu’Idriss Déby et Buhari présageaient il y a quelques mois. Boko Haram a peut-être plié, mais il est loin de rompre. Contre le Cameroun, le Niger et le Tchad, il garde sa capacité de nuisance relativement intacte. Ainsi, ces dernières semaines, en dépit de la détermination et de la fermeté affichées par les autorités camerounaises, le nord de ce pays a fait l’objet de nombreuses attaques suicides signées Boko Haram. De même, Diffa, région frontalière entre le Niger et le Nigeria continue d’enregistrer des incursions meurtrières venues de son vaste voisin. Soldats et citoyens nigériens tombent les uns après les autres. Le Tchad aussi a essuyé un cuisant revers le 6 octobre dernier, avec une autre incursion qui avait abouti à la mort de 11 de ses soldats.
Du coup, l’impression que l’on peut avoir, c’est que la secte islamique perde du terrain au Nigéria même. Encore qu’il faudra rester prudent aussi longtemps que la forêt de Sambisa n’aura pas été libérée et que les symboliques filles de Chibok n’auront pas retrouvé leurs familles respectives. Mais en ce qui concerne les pays voisins, les choses sont davantage à relativiser. Mal en point dans son bastion originel, la secte, dans une sorte de débandade, demeure nuisible pour les voisins.
