Le blocus de la ville sainte se poursuit. Le dernier acte en date remonte à jeudi dernier avec le jet de trois obus sur l’aéroport de la ville, visiblement pour dissuader d’une reprise des vols dans une cité que les djihadistes veulent couper du reste du pays. Il y eut auparavant une précédente salve d’obus à la suite de laquelle la ville de Tombouctou s’est retrouvée dans un isolement d’autant dramatique qu’elle a été vidée de son contenu marchand habituel.
En clair, l’abandon massif du marché par ses occupants traditionnels, ajouté aux bombardements de cargaisons de marchandises, inflige aux populations une terreur inflationniste inouïe et intenable pour une population à si faibles revenus. Dans la Cité des 333 Saints, la rareté des denrées fait rage et les commerçants arabes sont en train de liquider leurs derniers stocks, faisant grincer le prix du sucre jusqu’à 900 francs CFA le kilogramme. La situation est encore plus dramatique dans le secteur énergétique. La cité consomme ses ultimes réserves en carburant et le prix de l’essence, portée à 1 900 francs CFA le litre, limite considérablement les mouvements des citoyens autant qu’il contribue à grever d’autres denrées dont le cours est tributaire de carburant. Pendant que les autorités dédramatisent et nuancent l’ampleur du phénomène du blocus, les consommateurs s’interrogent plutôt sur le devenir de secteurs tout aussi tributaires d’hydrocarbures comme l’eau et l’électricité, avec la menace qui pèse sur l’approvisionnement de la ville de Tombouctou par le fleuve, depuis l’attaque du bateau éponyme. Entre temps, les pauvres ménages, qui vivent d’informel pour la plupart, vivent dans l’angoisse de l’accès aux énergies primaires comme le charbon de bois dont le prix atteint 500 francs CFA pour un pot quand c’est disponible.
Le Témoin