En plus de la grève de plus d’une dizaine de jours qui a débuté hier, les enseignants, à l’appel des syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016, ont tenté honteusement d’empêcher la tenue des épreuves du Brevet technicien (BT) 1 et 2. Cette façon de lutter, si elle continue, risque de discréditer tout le combat pour l’application de l’article 39.
« Ma liberté s’arrête là où commence celle des autres », nous a appris une sagesse populaire. Mais au Mali, des enseignants violent sciemment ce principe pour, disent-ils, réclamer leur droit. Leur nouvelle stratégie de combat pour l’application de l’article 39 le prouve.
Il est clair que l’éducation est à la base de tout développement. Et pour un enseignement de qualité, les enseignants doivent être mis dans des meilleures conditions. C’est d’ailleurs pourquoi la synergie syndicale des enseignants a eu de soutiens massifs dans son combat pour le statut particulier des enseignants et après pour l’application de l’article 39 de cette même loi sous le président IBK.
Mais à l’allure où vont les choses, les enseignants risquent de se discréditer s’ils ne changent pas leur méthode de lutte. Celle en cours depuis hier est mauvaise. Elle est même suicidaire pour eux, enseignants.
En effet, hier, lundi 9 août 2021, les enseignants, comme si leur décision de boycott des examens de fin d’année avec la grève de plus d’une dizaine de jours ne suffisait pas, ont passé à une autre étape de leur combat. Ainsi, ils ont décidé d’empêcher la tenue des épreuves de BT 1 et 2. Si à Bamako, il n’y a eu aucun incident grâce au dispositif sécuritaire important déployé, il y a eu des affrontements entre forces de l’ordre et enseignants dans certaines localités à l’intérieur du pays, notamment à Sikasso, à Nioro du sahel et à Sevaré.
Pourtant, on aurait pu éviter d’arriver jusqu’à ce niveau. On aurait pu éviter cette image honteuse non seulement pour l’école malienne mais aussi pour tout le Mali si chacun, gouvernement et enseignants, acceptait de faire de concessions.
Les enseignants, ils sont, certes, dans leur droit d’aller en grève, de prendre en otage les notes, de dénoncer la mauvaise foi des autorités à travers des marches, meeting et sit-in comme ils l’ont toujours fait sous le régime IBK. Leur erreur, c’est que dans le combat pour obtenir leur droit, ils ont tenté de priver certains, notamment les candidats au BT de leur droit à l’examen. C’est cette stratégie de combat que la synergie des syndicats signataires du 15 octobre 2016 doit revoir. Dans le cas échéant, elle risque de perdre le soutien qu’elle a au sein de la population. Cette stratégie en cours est donc suicidaire pour les enseignants, eux-mêmes dans leur combat pour l’application de l’article 39. La synergie des syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 doit donc se ressaisir dans sa nouvelle aventure.
B. Guindo
Source: LE PAYS