Cette fois le langage diplomatique semble définitivement rangé au placard. Entre le Mali et son principal partenaire militaire, la France, rien ne va plus. Le coupable a un nom : Wagner, une société militaire privée russe soupçonnée d’être le bras armé secret du Kremlin, et qui serait en passe de signer un partenariat avec le pouvoir malien. Ce dernier ne s’en cache plus : il envisage d’aller voir ailleurs , et n’hésite pas, pour s’en justifier, à “taper” sur l’Elysée.
Devant l’Assemblée générale des Nations unies le 25 septembre, le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga a accusé la France d’un “abandon en plein vol” en référence au redéploiement de l’opération antiterroriste Barkhane, dont les effectifs vont être divisés par deux d’ici à 2023. Une décision qui a mis le Mali “devant le fait accompli et conduit le pays à explorer les voies et moyens pour mieux assurer la sécurité de manière autonome avec d’autres partenaires”, a-t-il ajouté.
Accusions “indécentes”
De quoi faire bondir Paris, qui a aussitôt dénoncé, par la voix de sa ministre des Armées Florence Parly, des accusations “indécentes”. Quelques jours plus tôt, le chef de la diplomatie française avait fait savoir qu’un accord avec Wagner serait “inconciliable” avec Barkhane – qui mobilise aujourd’hui 5100 hommes et en a perdu 52 au combat, dont le dernier le 24 septembre. Un avis partagé par plusieurs pays européens, dont certains membres de la force européenne Takuba, censée former les soldats maliens et les appuyer sur le terrain, comme l’Estonie. La France, elle, prévient : si Bamako persiste et signe avec Wagner, les troupes tricolores plieront bagage plus tôt que prévu.