Le survol des avions de chasse de l’armée malienne la semaine dernière a fait monter d’un cran l’escalade des tensions entre le gouvernement malien et les ex-rebelles indépendantistes de Kidal. Dans ce contexte la médiation internationale s’active pour que le scénario de 2012 ne se répète pas.
Alors que la coordination des Mouvements de l’Azawad vient juste de fêter le 11e anniversaire de l’indépendance de l’Azawad proclamé unilatéralement le 6 avril 2012. A la veille de cette commémoration, des avions de classe de type Soukhoï et L-39 Albatros de l’armée malienne ont survolé plusieurs villes du Nord Mali sous contrôle de la CMA y compris la ville de Kidal, bastion des ex-rebelles signataires de l’Accord d’Alger.
Ce survol considéré comme un incident, a fait monter d’un cran les tensions inédites déjà très vives depuis décembre 2022 où la CMA s’est retirée du Comité de suivi de l’Accord dénonçant une’’ véritable lenteur’’ dans la mise en œuvre dudit Accord demandant une intervention de la médiation internationale en terrain neutre pour discuter des pistes de solution.
Dans ce climat de tension, de méfiance politique et d’incertitude sécuritaire récurrente entre la partie gouvernementale et les ex-rebelles, il y a plus des questions que des réponses. Se dirige-t-on tout droit vers le scenario de 2012 ? Les conditions qui ont favorisé le scenario de 2012 sont-elles présentes en 2023 ? Les nouvelles donnes géopolitiques actuelles dans le Sahel sont-elles favorables à la configuration de 2012 ?
Avec l’incident de la semaine dernière, la méditation internationale s’active pour éviter l’escalade de la violence et préconise le dialogue entre les deux parties et non le crépitement des armes afin d’éviter le scénario de 2012. Pas le moindre communiqué officiel sur cette séquence explosive côté gouvernement. Selon nos informations la médiation internationale a formellement demandé à la CMA en dehors du communiqué officiel de s’abstenir de toute sortie ou déclaration médiatique pour ne pas davantage mettre de l’huile sur le feu pour ne pas capoter les pourparlers entamés par la médiation avec l’Etat malien. Une information confirmée par l’un des porte-paroles de la CMA, Mohamed Ramadane. « On va leur donner la chance de mener bien leur démarche », m’a-t-il confié. Pour Ibrahima Harane Diallo, journaliste-Politologue, Chercheur à l’Observatoire sur la prévention et la Gestion des Crises au Sahel, le scénario de 2012 pourrait difficilement être envisageable même si à la fois on assiste à l’émergence des signaux qui vont dans le sens de l’émergence de de scénario.
« L’apparition du chef de JNIM à Ménaka en février dernier et les différents pourparlers ayant eu lieu avec des légitimités traditionnelles et le moment choisi est un élément important à prendre en compte. Il est, toutefois, important de noter, également des nouvelles réalités qui sont d’actualité notamment la montée en capacité stratégique et opérationnelle de l’armée malienne. Sur le terrain de la belligérance, deux possibilités militaires sont essentielles. La liberté d’action et la capacité de concentration face à un objet militaire », a-t-il expliqué en ajoutant que le recours à la force pour résoudre les problèmes n’est pas une voie appropriée pouvant donner naissance à des résultats efficients. « Bamako doit profiter de l’évolution actuelle des rapports de force pour imposer la paix par le dialogue », préconise-t-il.
Ousmane Mahamane
Source : Mali Tribune