Très affaiblis, affamés avec des plaies et gales sur certains que nous avions rencontré ces 163 jeunes maliens expulsés du pays frère et voisin, le géant Algérie arrivés à la maison des migrants de Bamako, en ce mercredi 06 février 2019. Nous avion voulu en savoir le calvaire de leurs retour au bercail suite à une très longue négociation diplomatique entre le gouvernement malien et nigérien qui avait fermé ses frontières à ces jeunes délaissés dans le Sahara par les autorités algériennes.
Pour ces 163 migrants maliens, ce n’est pas du tout un retour volontaire au Mali mais plutôt expulsés par les autorités algériennes qui se sont mis depuis un certain moment de refouler tous les jeunes sub-sahariennes dans leur pays soit disant qu’ils tentaient de traverser la méditerranéen. Aujourd’hui ces jeunes maliens expulsés de l’Algérie démentent formellement qu’ils n’ont jamais tenté de traverser l’océan car disent ‘ils qu’ils étaient tous des employés dans des entreprises algériennes surtout les bâtiments.
Pour ces jeunes maliens expulsés, ils nous fulminent qu’ils ne comprennent pas les altitudes et comportement de leurs frères algériens envers eux maliens car selon eux si l’actuelle Algérie est un état souverain c’est grâce au peuple malien à travers Feu Président Modibo Keita. Mais en guise de récompense de l’Algérie, ils font l’objet d’arrestation arbitraire, emprisonnement, dépourvus de tous les objets de valeurs et de leur argent de poches sur les lieux de leurs logements et les sites de travail.
Ousmane Toukara, larmes aux yeux nous explique son calvaire : « Les policiers et gendarmes algériens débarquent dans nos maisons et lieux de travail et sans rien nous dire, ils arrêtent tout le monde… Arrivés à leurs postes, ils nous fouillent individuellement et tous ceux qui se trouvent sur nous, ils les prennent et ensuite ils nous enferment dans leurs prisons pendant des jours voire même des mois afin que nous soyons nombreux pour être expulsés…»
Moussa fulmine « Moi, j’ai un certificat de travail algérien, une carte consulaire de l’ambassade du Mali mais avec tous ses documents, ils m’ont arrêté et jugé pour dire que je tentais de traverser la méditerranéen pour aller en France. La sentence fut mon expulsion de l’Algérie en allant me jeter dans le Sahara entre leur frontière et avec celle du Niger. Et après, mes camarades et moi avions été obligés de marcher plus 50 km à pieds pour atteindre le premier poste frontalier du Niger. »
Ajout ‘il Kouma Barry «Nous avions été arrêtés dans notre chambre au moment où nous étions entrain de dormir sans avoir le temps de prendre nos effets. Ils nous disent qu’on reviendra chez nous et que c’est juste une opération coup de poing. Arrivés à la police, nous fûmes menottés pour être expulser de la capitale Alger pour Tamanrasset. Arrivés là-bas, on m’oblige de les remettre mes deux portables et mes 10 000 dinars soit disant à la frontière, ils me remettront. Arrivés dans le Sahara, ils nous démenottent et nous passent à tabac sans me remettre mes effets personnels… »
A la fin de leurs témoignages conclut ‘il le jeune Ousmane Toukara «Nous avions été jetés en plein Sahara dans les conditions inhumaines par les autorités algériennes et pourtant l’Algérie se dit un pays civilisé. Mais pourquoi ils devraient nous expulser sans respecter les règles de l’art des conventions internationales et sans la présence de l’Organisation Internationale de Migration (OIM). Il faudra que le monde entier sache ce qui se passe en Algérie contre les jeunes migrants de peau noire. Nous prenions en témoin la communauté internationale et le président de notre pays SEM Ibrahim Boubacar Keita d’être les coupables silencieux de nos drames… »
Bokoum Abdoul Momini/Maliweb.net