Orange joue les premiers rôles au Mali depuis de nombreuses années maintenant. Associé à l’opérateur historique des télécoms en terre malienne, à savoir Sotelma, le groupe français ratisse large : téléphonie fixe et mobile, mais aussi Internet. Mais la qualité des services d’Orange et leurs coûts très élevés sont décriés par les Maliens. Reportage.
En effet, sur la base du rapport qualité/prix, Orange n’est pas à la hauteur des attentes des Maliens
Orange est l’un des principaux fournisseurs d’accès internet au Mali. Au regard des prix onéreux et des prestations qui laissent à désirer qu’elle offre à ses abonnés, l’on est en droit de s’interroger sur cette attitude d’Orange qui s’apparente à une arnaque sous le regard complice des autorités qui se sont succédées à la tête du pays depuis la vulgarisation d’Internet, d’Amadou Toumani Touré à Ibrahim Boubacar Kéita.
Pour ce faire, il convient de voir ce qui se fait en France et de comparer les réalités avec ce qui existe au Mali. En ce qui concerne les offres ADSL, en France, l’usager doit payer à Orange la somme de 31,99 euros, soit environ 21 000 francs CFA mensuellement pour bénéficier d’une connexion internet de très haut débit et en illimité, de la téléphonie gratuite sur les téléphones fixes et de la télévision en mode numérique HD. Au Mali, pays pauvre où le SMIC est d’environ 37 000 CFA, donc 57 euros, largement loin des 1200€ (787 800CFA) en France, il faut débourser 15 000 francs CFA pour avoir le seul service Orange internet et 25 000 francs CFA par mois pour avoir 1 mégabit par seconde (Mb/s) de débit pour le profil Orange business, 8 Mb/s Max à 35 000 francs CFA, 10 Mb/s Max à 75 000 francs CFA avec un abonnement à 25 ooo francs CFA, selon des infos recueillies sur la société.
C’est dire le fossé qui existe entre les agissements de l’opérateur Orange en France où il ne peut se permettre de couper une connexion sans avoir prévenu le client et ce qu’il offre au Mali. Cette tendance de « deux poids, deux mesures » s’étend également à la qualité des services. Il suffit d’une simple pluie par exemple pour que la connexion Orange quitte les ménages et bureaux. Ce n’est un secret pour personne : Orange n’est pas à la hauteur des attentes des Maliens.
Bien malins ceux qui diront que les réalités ne sont pas les mêmes dans les deux pays. Mais il est clair qu’il appartient à l’opérateur Orange d’offrir le meilleur à ses abonnés en mettant un accent particulier sur la multiplication des installations de pointe, surtout quand on sait tous les bénéfices que le groupe fait dans les pays africains. Orange brasse beaucoup d’argent au Mali et en Afrique, et se doit donc de traiter le client de la façon la plus correcte.
Selon un rapport de l’Union Internationale des Télécommunications (UIT), 7 connexions sur 10 en Afrique transitent par l’Europe ou les États-Unis. « La première raison d’être d’un point d’échange internet est de garder le trafic local au niveau local et d’éviter justement le recours à des passerelles internationales très onéreuses », cette fois-ci selon un rapport de l’Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE). Ce qui explique les coûts très élevés d’Internet en Afrique. Orange ou encore les autres opérateurs présents dans le secteur ne font-ils pas exprès de procéder ainsi ?
En plus d’offrir un accès Internet qui laisse à désirer, Orange entreprend d’abord des travaux sur son réseau, ensuite informe ses abonnés par SMS. Ce qui a pour conséquence de créer un mécontentement permanent chez les consommateurs. C’est une démarche qui traduit à souhait ce que représente véritablement le client africain chez Orange, loin des stéréotypes et de l’image que s’attèlent à lui donner ses innombrables publicités : le client n’est rien. L’absence véritable d’organisations de défense des droits de consommateurs favorise la pérennisation de ce type d’attitudes.
Le consommateur africain qui a du mal à joindre les deux bouts, compte tenu de la conjoncture économique très difficile, ne peut encore se permettre de bénéficier des services d’Orange. Au moment où l’on parle de vulgarisation de l’outil informatique, on se demande quel sera l’impact de cette politique pour les Maliens, si une simple connexion à Internet coute les yeux de la tête. Il est donc temps que les autorités maliennes, notamment le chef de l’État IBK, et surtout le ministre de l’économie numérique Harouna Touré, se penchent véritablement sur cette question.
À noter que les prix d’Orange en France étaient aussi élevés avant l’arrivée de Free dans le paysage. L’opérateur plus soucieux des ménages des Français s’est imposé en proposant des forfaits à des prix défiant toute concurrence, ce qui avait obligé Orange, SFR et Bouygues à baisser, sinon casser les prix de leurs offres pour résister à la concurrence. En Afrique, plus qu’au Mali, il est aussi nécessaire de faciliter l’installation d’autres opérateurs, histoire de faire jouer la concurrence dans ce domaine très fermé. A bon entendeur.
Assi de Diapé
Source: Le Point