Les travailleurs du secteur public, en grève depuis sept semaines pour protester contre les coupes des salaires au nom des mesures d’austérité, ont conclu un accord ce soir avec le gouvernement. Ce dernier s’engage à rembourser les salaires coupés en guise de mesures de rétorsions contre les travailleurs grévistes et à obtenir auprès des banques un moratoire pour le prélèvement des mensualités des fonctionnaires sous crédit et dont les salaires ont été revus à la baisse.
En échange, les travailleurs décident de mettre fin à la grève. C’est un accord de trois pages seulement mais qui a été négocié en sept jours et dix heures, après sept semaines de grève. Au terme des discussions qui ont été ardues, les principaux points de l’accord sont résumés par le secrétaire général adjoint de la confédération libre des travailleurs du Tchad : « Le paiement de salaire du mois de février 2018 à tous les agents de l’Etat, l’application des moratoires de trois mois – février, mars et avril 2018 – par les établissements bancaires sur les prêts contractés par les agents de l’Etat, la suspension du recensement en cours, la suspension de la grève générale en cours et la reprise du travail après le paiement effectif de tous les agents de l’Etat. » Pour le ministre de la Fonction publique et Dialogue social, Mahamat Moctar Ali, la fin du blocage des services publics consacrés par cet accord est une victoire pour tout le peuple tchadien : « Chers partenaires, aujourd’hui 14 mars constitue un grand jour pour les travailleurs d’arriver avec la grâce de Dieu à cette conclusion très salutaire pour le pays et pour toute la population tchadienne. » De l’aveu de plusieurs observateurs, les deux parties s’en tirent à bon compte. Le gouvernement vient de se retirer une épine du pied et les syndicats ont obtenu d’être payés les jours non travaillés avec en plus la promesse de remboursement des salaires coupés dans le cadre des mesures d’austérité. Cet accord est un motif suffisant pour reprendre le travail, selon le porte-parole de la plateforme syndicale revendicative, Barka Michel. « Le gouvernement, qui a pris l’engagement de refuser de payer le salaire, est revenu sur sa décision, y compris pour ceux dont le salaire n’avait pas été payé en février, puisqu’il repaie le salaire qu’il avait coupé aux travailleurs. Deuxièmement, le recensement, qui était un acte qui n’était pas fait en accord avec nous, est suspendu. Quelque chose de très important également : vous avez vu qu’il y a un moratoire jusqu’au mois d’avril pour qu’on ne touche pas aux salaires des travailleurs. Ca veut dire qu’à partir du mois de mai, lorsque les salaires seront rétablis, les banques pourront peut-être toucher aux mensualités de ceux qui sont sous crédit. Le gouvernement s’engage à rembourser ce qu’il a coupé, pas en espèce, ni en nature, mais c’est dit. On verra quelles seront les modalités. Nous avons peut-être gagné le minimum, mais nous espérons avoir gagné ce qu’il faut pour que nos travailleurs puissent reprendre le travail.»
RFI