Considéré comme l’un des leader de la société civile gabonaise, Marc Ona Essangui fait le point sur la situation actuelle du continent africain. Interview.

On vous désigne souvent comme l’un des leaders de la société civile gabonaise, quel est le rôle de cette société civile ? 

Le rôle de la société civile dans nos pays africains est d’abord de faire respecter les règles démocratiques qui sont consignées dans des textes fondateurs. Un Etat fonctionne avec des règles, mais une fois que ces règles ne dont plus respectées, la société civile se doit de rappeler le respect de ces règles. Nous sommes dirigés par une oligarchie depuis 50 ans alors pour redonner au citoyen cette notion noble d’acteur politique et qu’il exerce son contrôle de l’action publique, il faut que le peuple regagne sa citoyenneté.

Comment jugez-vous la situation générale de l’Afrique aujourd’hui ? 

Je dirais qu’elle est catastrophique parce que l’Afrique refuse le développement. L’Occident s’est développé par ce que l’on a établi des règles et que tout le monde les respecte. Celui qui ne le fait pas se fait rattraper par la justice. En Afrique, très souvent l’impunité prévaut. Le véritable problème du continent, c’est la politique. Tant que les Etats africains n’auront pas atteint de hauts niveaux de démocratisation, avec des élections se déroulant dans de bonnes conditions, une justice efficace et un pouvoir législatif digne de ce nom, il n’y aura pas de vrai développement en Afrique.

Il y a quand même des améliorations économiques en Afrique…

Ce sont des chiffres macroéconomiques qui n’ont aucune répercussion sur le bien être des population. Au Gabon, la croissance est de 6% mais allez voir dans les quartiers si cette croissance bénéficie aux citoyens. Pour moi, ce sont des chiffres pour faire plaisir à la communauté internationale. L’économie de l’Afrique est à terre, pour moi ce n’est qu’une économie de rente. Le poids des PME est quasi inexistant. Il y a quelques éléments marginaux qui émergent mais ça ne suffit pas.

Vous êtes donc en désaccord avec ceux qui pensent que l’Afrique est le continent de l’avenir ? 

Je suis très optimiste pour l’Afrique parce que les anciennes générations sont en train de partir. Regardez ce qui s’est passé au Burkina Faso, au Sénégal, au Burundi… C’est ça l’avenir de l’Afrique ! Ces jeunes générations qui disent «Ecoutez, vos combines, c’est fini, on reprend les choses en main». Je suis très optimiste pour l’Afrique parce qu’à l’heure de Facebook et Twitter, l’information n’est plus confisquée par quelques individus. Il est là l’avenir.

Source : liberation