Historiens, témoins amis et compagnons vont s’efforcer de restituer la carrure exceptionnelle du premier président de la République du Mali

Ils sont tous là, historiens, chercheurs, témoins, artistes, personnalités politiques et administratives, parents, amis alliés et collaborateurs de feu Modibo Keïta et de la famille feu Daba Keïta pour rendre hommage au père de l’indépendance du Mali à travers un symposium organisé au CICB. La rencontre de trois jours qui a débuté hier entre dans le cadre des festivités commémoratives du centenaire de Modibo Keïta. Au programme, des conférences, des témoignages et des débats sur la vie et l’oeuvre de Modibo Keïta. La cérémonie d’ouverture des travaux était présidée par le secrétaire général du ministère de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat, Andogoly Guindo. C’était en présence du représentant du président de la Commission d’organisation du centenaire de Modibo Keïta, l’ancien ministre Bocar Moussa Diarra, du président d’honneur de ladite commission, le Pr. Dioncounda Traoré et de nombreux invités.

C’est donc parti pour trois jours de débats, d’analyse, de réflexion et d’échanges autour de la vie et l’œuvre de celui qui proclama le jeudi 22 septembre 1960 l’indépendance de notre pays. Au cours de ce symposium, les souvenirs, les réflexions et débats permettront d’éclairer la vie et l’œuvre du premier président de notre pays. La rencontre permettra aussi et surtout de faire un rappel sur les moments glorieux qu’a connu le Mali post indépendance et sur l’héritage politique, économique, social et culturel laissé par le grand homme. Elle donnera par ailleurs les enseignements permettant de tracer les sillons pour le Mali de demain. Les différents exposés sur des thèmes comme entre autres : « Modibo Keïta : l’homme et sa vie »,  « Le président Modibo Keïta dans le combat pour l’unité africaine », «  La problématique  de l’indépendance à travers l’action politique du président Modibo Keïta » permettront de mieux faire connaître l’œuvre immense, l’héritage rassembleur et refondateur de l’homme qui le premier présida aux destinées du Mali indépendant.

Bocar Moussa Diarra a, au nom de l’UM-RDA et tous les héritiers politiques, remercié les autorités du pays pour cette initiative de grande portée historique, et même morale. Il expliquera son profond espoir de voir ce symposium permettre singulièrement à notre jeunesse en ces temps de grandes interrogation de mieux connaître notre pays, son histoire et les grands rêves nourris par des hommes de mérite exceptionnel qui ont fondé notre nation et les valeurs qui ont soutenu leurs actions.

Parlant de l’homme, Bocar Moussa Diarra a décrit Modibo comme le prototype achevé de notre humanisme, un grand homme qui doit être impérativement connu. Cela, a-t-il dit, afin que notre peuple, notre Etat reconnaissent que notre plus grande richesse est en nous, dans notre culture, dans nos valeurs sociétales, dans notre «Maya » et dans notre « Dambé ». Notre pays, a insisté l’intervenant, s’élève en dignité et dans la grandeur dans la juste réhabilitation bien méritée du président Modibo Keïta. Bocar Moussa Diarra a donc remercié tous les gouvernements successifs dans notre pays pour leurs efforts dans ce sens.

UNE SOURCE D’INSPIRATION. Prenant la parole, le secrétaire général du ministère de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme dira que le symposium au-delà de l’hommage adressé au président Modibo Keïta, vise surtout à ouvrir la réflexion, les échanges sur le parcours de cet homme aux qualités exceptionnelles. Grand combattant pour l’indépendance et l’unité des peuples africains, fervent défenseur des Non-alignés, père de l’indépendance de notre pays, Modibo Keïta fut arrêté le 19 novembre 1968 à la faveur d’un coup d’Etat militaire. Il mourut en 1977 sans que la nation ne soit autorisée à lui rendre hommage.

Pour Andogoly Guindo, l’homme Modibo reste sans conteste l’une des personnalités illustres qui ont le plus marqué l’histoire de l’Afrique dans les années des indépendances africaines. L’idéologie qu’il a défendue, ses œuvres, les lignes tracées et les actions accomplies par lui, a indiqué le secrétaire général du ministère de la Culture, continuent de marquer les souvenirs des anciens aussi bien au Mali, en Afrique que dans le monde. Cependant, a-t-il regretté, les jeunes générations n’en savent que trop peu sur cet homme au courage et au parcours exceptionnels. Aussi près de 40 ans après sa mort, subsiste un fort besoin ou un devoir de reconnaissance envers Modibo Keïta. D’ou la décision par les autorités de célébrer le centième anniversaire de la naissance du président Keïta.

Cette célébration vise non seulement à rendre l’hommage du peuple malien au père fondateur de la Nation, mais aussi à faire connaître l’homme par les jeunes et les moins jeunes. Cela afin que sa valeur d’exemple puisse servir de source d’inspiration pour ceux qui seront les bâtisseurs du Mali de demain. C’est justement pour cette raison, que le président de la République a décidé de faire de la commémoration du centenaire de Modibo Keïta, un évènement national, porté par l’Etat.

Car, a rappelé Andogoly Guindo, en ces temps de mondialisation où la civilisation internet expose aux agressions culturelles, notre jeunesse a besoin de repères et de ressorts s’appuyant sur nos valeurs ancestrales pour apporter une réponse aux défis de l’heure. En ce sens, l’exemple du président Modibo Keïta pourra en constituer, à n’en pas douter, un modèle et une source d’inspiration pour notre jeunesse. C’est pourquoi, a-t-il lancé, son département  attend de ce symposium des recommandations fortes et des conclusions pouvant servir de repères pour les générations montantes.

Le Secrétaire général du ministère chargé de la Culture aussi souhaité que cette rencontre soit le contexte et l’espace idéal pour lancer les bases d’un colloque international sur le premier président du Mali dont la valeur intrinsèque et les positions politiques ont largement dépassé les frontières nationales et mêmes continentales.

Andogoly Guindo a dit ne pas douter que de ce symposium jaillira la lumière de l’étoile qui s’est éteinte le 16 mai 1977 pour illuminer la jeunesse du Mali et de l’Afrique. Pour joindre l’utile à l’agréable, l’Ensemble instrumental  était là pour chanter l’homme, narrer son histoire sur un rythme qui a tenu en haleine l’assistance. Le ton est donc donné pour ce symposium qui sera un moment de souvenirs et d’échanges de très grande qualité si l’on se réfère à l’aréopage des experts, des grands témoins et des compagnons du président Modibo Keïta qui ont fait le déplacement.

M. A. TRAORÉ

Source : Essor