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Suspension de l’exportation des produits agricoles au Mali : À quoi s’attendre si les autres pays appliquent la même mesure ?

Après avoir pris une batterie de mesures pour contrer la flambée des produits à grande consommation sans succès ou presque, le gouvernement du Mali, à travers le ministère de l’Industrie et du Commerce, vient de prendre la décision de suspendre l’exportation des produits agricoles du pays. Mais à quoi s’attendre si d’autres pays font autant ? L’inquiétude est exprimée par des économistes.

 

En effet, pour sécuriser le ravitaillement des marchés nationaux et faire face à la flambée des prix des céréales, le gouvernement du Mali, à travers le ministre de l’Industrie et du Commerce, Mahmoud Ould Mohamed, a décidé la suspension de l’exportation de certains produits agricoles. Il s’agit du riz local, du maïs, du tourteau de coton, du mil, du sorgho et de la graine de coton. La mesure a été édictée à travers un arrêté interministériel publié le lundi, 06 décembre 2021, par le département en question. « L’exportation de la graine de coton, des tourteaux de coton, du mil, du sorgho, du maïs et du riz local est suspendue jusqu’à nouvel ordre. Le Directeur général du commerce, de la consommation et de la concurrence, le Directeur général des douanes, sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’application du présent arrêté », lit-on dans le document publié par le ministère de l’Industrie et du Commerce.

Cette suspension intervient à un moment où les prix des certaines céréales cultivées au Mali connaissent une flambée dans plusieurs localités du pays. Une situation qui s’explique par plusieurs raisons.

D’abord la mauvaise pluviométrie de cette année qui a beaucoup impacté la culture céréalière de notre pays; ensuite en raison des problèmes liés à l’insécurité. Dans certaines zones réputées d’être de grande production céréalière, des paysans n’ont pas cultivé à cause de l’insécurité. Sous la menace djihadiste, certains ont été contraints d’abandonner leurs champs.

Enfin, l’épineuse question de la zone de Niono où des milliers d’hectares prêts à être récoltés ont été complètement brûlés par des présumés djihadistes. Pire, des récoltes déjà faites sont parties en fumée. Cette situation, pas reluisante, vient de se greffer à une flambée des prix des denrées à grande consommation, une situation qui existe déjà depuis des mois et contre laquelle le gouvernement multiplie stratégies et méthodes sans parvenir réellement.

Rappelons que la situation a commencé à dégénérer depuis le mois de mars 2021, plus précisément à l’approche du mois de ramadan.  Les prix des denrées à grande consommation ont connu une montée vertigineuse (entre autres du sucre, du riz l’huile de la viande de la farine…).

Cette situation est jugée inacceptable par des associations de consommateurs et des organisations de la société civile qui ont, en dehors des déclarations, exprimé leur ras-le-bol par des marches.

Pour faire face à la situation, le gouvernement, à travers la direction nationale du commerce, de la concurrence et de la Consommation, avait pris certaines mesures. Il s’agit du maintien du  kilo du sucre à 500 FCFA, le kilo du riz de brisure importé à 350 FCFA, le litre de l’huile locale à 650 FCFA.

Lors d’une rencontre  le mercredi, 17 mars 2021, avec le directeur national du commerce, de la concurrence et de la Consommation, les commerçants grossistes et détaillants ont tenu des discours rassurants sur la baisse et la maîtrise des prix des denrées. Mais sur le terrain la situation n’est pas à la hauteur des promesses.

Le gouvernement revoit sa copie

Avec la crise du pain, le gouvernement était obligé de revoir sa copie en réduisant la base taxable à l’importation de certaines denrées alimentaires de 50%. Cette nouvelle mesure, selon le ministre de l’Industrie et du Commerce, Mahmoud Ould Mohamed, doit valoir 18 milliards de FCFA au budget de l’État.

Le ministre de l’Industrie et du Commerce expliquait le 12 novembre lors d’une conférence de presse que «les efforts se sont traduits par l’octroi de subventions directes à la consommation ou à la production, voire l’abandon des droits et taxes à l’importation des produits comme le sucre, l’huile alimentaire, la viande bovine, le lait, les hydrocarbures, le blé, le gaz butane, la graine de coton, etc. ».

Cette nouvelle mesure suscite déjà des inquiétudes, notamment chez les commerçants et les  économistes.

Interrogés par les confrères de Studio Tamani, certains commerçants ont exprimé déjà leurs inquiétudes. « Les difficultés vont dépendre de la manière dont les autorités vont appliquer cette mesure. Sinon, ça ne doit pas être un problème ». Ils estiment que les céréales locales sont moins achetées dans le pays. Ces commerçants s’interrogent aussi si «les produits provenant de l’extérieur pourraient être importés vers le Mali ».

Pour sa part, l’économiste Modibo Mao Makalou rappelle que la richesse nationale provient du commerce international. Il ajoute aussi que les autres pays peuvent également appliquer la même mesure suite à cette décision du Mali.

Que faire si les autres pays décident d’appliquer la même mesure ? Nos céréales suffiront-ils pour faire face à la flambée des prix et à la crise alimentaire ? Autant d’éventualités sur lesquelles les autorités de la transition doivent réfléchir car, dit-on, prévenir vaut mieux que guérir.

Rassemblées par Fabrice Abdoul

SourcePlume Libre

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