Le gouvernement veut, manifestement, se cacher derrière la vague du virus Ebola pour zapper sur ce qui constitue, aujourd’hui, l’une des affaires qui alimentent le plus l’opinion publique malienne. Il s’agit bien des surfacturations constatées, par plusieurs audits, sur l’achat du Boeing présidentiel et les juteux et controversés marchés d’équipements militaires.
Le conseil d’administration du Fonds monétaire international prévu pour le début du mois de décembre (le premier) s’approche à grand pas, mais tout le monde reste encore sur sa soif quant à des sanctions contre ceux qui ont ajouté leurs prix de condiments sur les équipements militaires destinés à améliorer les conditions de travail de nos militaires. Et, aussi sur l’achat du malheureux Boeing par qui tout le mal a commencé.
Aujourd’hui toutes les oreilles sont tendues vers la merveilleuse colline de Koulouba attendant la nouvelle d’une sanction contre ces délinquants en col blanc qui vivent sur le dos du contribuable malien. Mais hélas ! Le locataire du splendide palais présidentiel semble être plutôt préoccupé par autre chose. Certainement la fièvre hémorragique du virus Ebola transporté dans le pays par la faute, encore une fois, des autorités que d’aucuns qualifient de « médecins après la mort ».
Il est très aimable de la part du gouvernement de protéger les populations d’un virus qui n’aurait, avec un peu de vigilance, jamais pu atteindre le pays surtout après un premier cas décédé à Kayes, mais l’arbre de cette lutte ne doit pas cacher la grande forêt de nos autres vrais problèmes comme la corruption endémique qui sévit dans les plus hautes sphères de l’Etat. Ou encore les pourparlers d’Alger dont le document de synthèse est en train d’être rejeté par les partis politiques et la société civile. Le même document dont la partie gouvernementale s’était quand même félicité au lendemain de sa signature car défendant » l’essentiel » qui se résume, selon elle, à l’intégrité du territoire et la laïcité de l’Etat.
En tout cas, le CA du FMI est dans une dizaine de jours. Au cours de cette session, il sera décidé si l’institution reprendra sa coopération avec le Mali. les autorités maliennes ont déjà accédé à certaines conditions pour la reprise de cette coopération en acceptant de faire les audits des marchés controversés et en publiant les rapports sur les sites de la Primature, du Vérificateur général et de la Cour suprême afin qu’ils soient accessibles au public. Ajoutée à ceux-ci la modification de l’article du Code des marchés publics permettant aux délinquants à col blanc de se remplir les poches sous le couvert du secret-défense. IBK a ensuite donné son accord de porter à la connaissance de l’opinion publique nationale et le FMI les sanctions qui devront être appliquées aux agents impliqués dans les deux affaires.
En d’autres termes, le président de la République doit châtier ceux qui sont trempés dans les magouilles. Qu’ils soient ministres ou proches de la famille. Il doit bien cela au peuple malien après avoir décrété cette année celle de la lutte contre la corruption. Parce qu’il n’y a pas que le FMI qui demande des sanctions, mais aussi tout le peuple malien. En témoignent les quinze organisations de la société civile qui viennent de demander la » démission des ministres cités dans les dossiers de surfacturation et du virus Ebola ».
Abdoulaye DICKO